Selon Steiner, les enfants ont besoin d’arts, de rythmes, d’humour, d’imaginaire. L’instruction formelle d’un enfant ne devrait pas commencer avant la chute de sa première dent, soit autour de 6-7 ans environ. Si j’ai davantage parlé de ce que je faisais avec mon grand qui a plus de 7 ans, je n’ai pas abordé ce que cela m’a apporté avec Oléia et Loueï qui sont plus petites.

Steiner est connu pour parler des dents comme d’un symptôme marquant des étapes dans l’évolution d’un enfant.  Les dents de lait sont appelées à tomber et à être remplacées par des dents définitives. Ces premières dents représentent la force de l’héritage familial. L’enfant étant tout le temps entouré de sa famille, il grandit et se construit à leur contact.

Vers 7 ans, l’enfant s’ouvre au monde et les dents de lait commencent à tomber. Une nouvelle étape commence. Lorsque toutes les dents définitives sont là vers 14 ans, l’enfant y est adapté, il appartient au monde et doit avoir sa propre capacité de jugement. Avant 7 ans, Steiner dit que « l’enfant est tout entier un organe sensoriel, il est vraiment tout à fait tête. » Le reste de ses organes n’est pas encore développé avant la chute de sa première dent de lait.

L’enfant apprend par imitation

Durant toute la première partie de sa vie, l’enfant a besoin en premier lieu de son environnement familial ou, du moins, d’un environnement qui y ressemble s’il va en collectivité : affectif, stable et sécurisant qui va lui permettre de prendre pleinement possession de son corps.  L’adulte et l’enfant vivent ensemble tout simplement, et l’enfant absorbe tout ce qu’il voit son parent faire : lire, cuisiner, s’occuper de son foyer, aller au musée, se balader, faire du piano, chanter, jardiner, … Là-dessus, j’ai l’impression que la plupart des pédagogies se rejoignent et disent la même chose.

Dans mon langage, c’est ce que j’appelle le unschooling : avant 7 ans, l’enfant apprend naturellement de ce qui l’entoure. L’amour et des rituels structurants apporteront la sécurité affective dont l’enfant a besoin. Il n’a nul besoin d’être stimulé par des exercices censés le préparer à l’entrée en CP car selon Steiner, cela pourrait même le rendre hermétique aux apprentissages académiques, il deviendrait « impénétrable« .

Concrètement, cela revient à PROFITER SIMPLEMENT de la vie et à en découvrir les richesses. Selon moi, pendant toute cette période et même les suivantes, c’est au parent de travailler sur lui pour être l’exemple qu’il veut pour ses enfants.

Alors concrètement, quelles sont les activités steineriennes (oui j’invente des mots pour l’occasion) pour les enfants ?

Du jeu libre et encore du jeu libre !

Les jeux spontanés sans règles, sans intrusion de l’adulte. Les jeux qui te vident ton salon parce-que tes enfants s’emparent des coussins, des plaids et des chaises pour construire une cabane géante. Les jeux salissants pendant lesquels les enfants se sont roulés dans l’herbe ou dans le sable, ont sauté dans les flaques d’eau et ont fait un bain avec de la boue. Les jeux qu’ils sont seuls à être capable d’inventer parce-qu’ils ont toute l’imagination qui leur faut ! Et pour cela, ils ont besoin de temps.

L’enfant est un être de mouvement. Il a besoin de sauter, bouger, expérimenter ses sens, son corps et les choses qui l’entourent. Un enfant qui vit dans la nature aura encore moins besoin de choses matérielles.

Point besoin de jouets colorés et bruyants, les enfants les plus créatifs sont ceux qui ont les choses les plus simples. Pour un enfant, une poupée apparaît dans n’importe quel petit bout de tissu du quotidien, les petits cailloux se transforment en soupe pour le diner, les marrons en patates chaudes, un bâton devient un cheval ou une épée…  En pédagogie Steiner, on préfèrera un environnement avec des jouets aux matières naturelles : des animaux en bois ou en laine, une poupée en tissu, une petite cuisinière avec des accessoires chinés, des morceaux de bois, des morceaux d’étoffes… La simplicité des jouets permettant à l’enfant de développer son imagination.

De la musique

Le corps humain est une symphonie incroyable où différents rythmes s’accordent pour lui permettre de vivre : circulation du sang, battements du coeur, inspiration et expiration de l’air des poumons, activités des nerfs… Tous les enfants ont le rythme dans la peau, sans mauvais jeux de mot. Le parent peut se mettre à l’apprentissage d’un instrument de musique, chanter, réciter des comptines où l’on joue avec ses doigts, danser, faire la ronde… Je ne connais pas d’enfants qui n’aiment pas la musique !

Des activités manuelles…

Oui mais réalistes et pratiques ! C’est-à-dire qu’on fait avec l’enfant des choses qui vont lui servir dans sa vie : on tricote, on brode, on cuisine, on coud, … On fabrique ensemble des petites poupées, des petites tasses en argile pour la cuisinière, un petit radeau en bâtons ficelés, etc.

…et artistiques

Chez Steiner, les activités artistiques avec des belles couleurs sont primordiales : « l’enfant doit appréhender le monde en artiste jusqu’à 11 ans environ. » On privilégie les crayons gras, la pâte à modeler en cire et la peinture à diluer.  Pour Steiner, c’est la meilleure façon de peindre jusqu’à 9-10 ans car l’aquarelle liquide permet à l’enfant d’expérimenter les couleurs directement sur la feuille. Ils ont véritablement le sentiment de vivre la couleur.

« Lorsqu’on commence trop tôt à peindre quelque chose, le sens du vivant se perd. » Cela rejoint beaucoup ce que pense Arno Stern qui parle de formulation, qualifiant ainsi les traces de la peinture libre comme des gestes organiques.

Retrouvez un article très bien écrit sur la façon de faire de la peinture Waldorf, sur le blog de Journal des champs.

Et raconter des histoires

Là encore, l’enfant n’a pas besoin d’une bibliothèque de dizaines et de dizaines de références. C’est mon point faible et je regrette d’avoir tant dépensé dans les livres. Pour varier les plaisirs, il y a ce qu’on appelle des bibliothèques municipales et cela devrait nous suffire ^^ L’enfant aime souvent les mêmes histoires qu’il réclamera souvent. La lecture orale de contes devrait suffire, mais si vous aimez les albums jeunesse comme moi, faites un tour sur la page de ma bibliothèque idéale. Les livres de Gerda Muller, d’Elsa Beskow ou de Kazuo Iwamura et sa famille souris devraient leur plaire 🙂

Et c’est tout ? Oui c’est tout ! Si j’ai un conseil à donner, c’est celui-ci : profiter de cette enfance qui va arriver à sa fin un beau jour. Ce petit que vous éduquez à le temps de grandir, il a VRAIMENT le temps. Ne cherchez pas à le pousser plus vite, plus loin, laissez lui le temps d’être un enfant, de s’ennuyer, d’être près de vous, de se reposer, de s’inventer des jeux, de pleurer contre vous, de lui faire des câlins, de lui caresser les cheveux, de vous balader sans but et à la vitesse de ses petits pas… Il a le temps d’apprendre à lire, à écrire, à faire un herbier, à illustrer, à faire de l’histoire et s’intéresser à toutes sortes de choses de grand. Mais pour l’instant il est petit et un jour il ne le sera plus, alors profitez ! (et je me parle à moi aussi, tout à fait 🙂

La pédagogie Steiner rejoint en beaucoup de points celle de Charlotte Mason, voir ici : https://une-annee-avec-charlotte.com/2017/04/01/charlotte-mason-pour-les-tout-petits-une-introduction/

Et pour voir comment cela se passe dans une école Waldorf, faites une petite visite de l’école de Verrières 🙂

A bientôt !