Le point de départ de cette histoire, c’était lundi dernier. Notre voisin a trouvé de l’autre côté de notre barrière une coquille de tourterelle cassée au pied de l’arbre et nous l’a montré. Nous avons immédiatement levé la tête à la recherche du nid et nous en avons trouvé au moins quatre. Nous nous doutions bien qu’il y en avait puisque les tourterelles faisaient un sacré boucan dans les sapins. 

Mais cela a réveillé l’envie de grimper là-haut et d’apercevoir le petit oisillon qui était sorti de sa coquille… Alors Keyo a commencé son ascension. Il n’a pas trouvé le nid d’où était tombé cette coquille mais un autre, plus accessible. 

A force de l’observer et de monter de temps en temps pour le contempler, Keyo a eu envie de toucher un œuf et a finalement profité de l’absence de maman tourterelle pour le faire… Lorsque je suis arrivée dans le jardin, lui et ses sœurs se l’étaient déjà passés dans les mains, très précautionneusement, je précise. J’avais l’appareil autour du cou alors j’ai pris 2-3 photos rapides car même si une part de moi sermonnait, l’autre était émerveillée par ce mini œuf tout blanc. Avec les voisins nous leur avons expliqué qu’en touchant aux œufs, le risque était que la tourterelle abandonne le nid. 

Un peu gêné et préoccupé Keyo, a vérifié chaque jour que maman tourterelle restait bien là. Et oui elle revenait comme avant et couvait ses œufs. Keyo m’a même dit hier soir qu’il allait lui chercher des petits insectes et lui donnait à manger pendant qu’elle couvait… « Bah oui c’est du boulot d’être une maman, faut qu’on s’occupe d’elle. »

De mon côté, constatant que la curiosité et la manipulation des enfants n’avaient pas éloignés la tourterelle de son nid, j’ai cherché à en savoir plus. Et voilà ce sur quoi je suis tombée : 

“Selon une croyance populaire, les oiseaux adultes rejettent leurs œufs et leurs petits si un humain les touche. Cette conviction nie toutefois leur instinct parental et néglige un aspect fondamental de la biologie de l’oiseau : on ne gaspille pas de l’énergie à élever un petit si c’est pour l’abandonner à la “moindre occasion”. 

Pour Frank B. Gill, ancien Président de l’American Ornithologists Union, les oiseaux n’abandonnent pas facilement leurs petits, et surtout pas juste en réaction à un contact humain. Par contre ils peuvent abandonner leur progéniture en cas de fort dérangement. Le mythe de l’abandon a pour origine la conviction que les oiseaux peuvent détecter l’odeur humaine. En fait, ils ont des nerfs olfactifs relativement petits et primitifs, ce qui limite leur odorat.

Toutefois certains oiseaux ont un bon odorat alors ne touchez pas n’importe quel œuf…  

En cas de découverte d’un oisillon ou d’un petit mammifère, il est toujours préférable de le laisser sur place, sauf danger immédiat, car généralement les parents continuent à s’en occuper. Toutefois, si vous trouvez un oisillon sans plume au sol et que vous avez repéré son nid, vous pouvez le remettre dedans. 

Il vaut mieux éviter de toucher les oisillons et les œufs à main nue : utilisez plutôt des gants ou une serviette car certaines espèces, comme les hirondelles, ont un certain odorat et pourraient être perturbées. 

Cela vous permettra aussi de vous protéger des mites, des bactéries et d’éventuels parasites et évitera de laisser votre odeur, ce qui pourrait attirer des prédateurs.”

Alors, finalement, ce n’était pas vrai de lui dire que toucher l’œuf provoquerait l’abandon du nid. On apprend à tout âge… Par contre, je pense qu’il ne faut pas abuser de « l’expérience”. Il y a des précautions à prendre si jamais on a envie de toucher un œuf et cela est, selon moi, un acte qui crée du lien avec la nature, tant qu’il est fait dans le respect.

Comme je l’ai dit, les enfants ont été précautionneux, ils avaient des gestes délicats et avaient l’impression d’avoir de l’or entre les mains. Ils savaient qu’un petit cœur battait à l’intérieur. Ils n’ont pas abusé et savaient bien qu’il fallait le replacer rapidement pour ne pas affoler maman tourterelle. Si leur curiosité avait provoqué un abandon du nid, je pense qu’ils se seraient sentis très mal et n’auraient jamais recommencé.

De plus, l’attitude de Keyo montre qu’il se souciait des répercussions de son acte. Alors, voilà rien de dramatique. Et maintenant, qu’ils savent ce que c’est, ils ne demandent plus à le toucher. Nous savons que la nature est fragile et qu’il faut en prendre soin. En fait, je ne vois que du positif dans le fait d’avoir “bravé cet interdit”.

Et vous, avez-vous vécu une expérience similaire ?