Dans cet article, je voulais parler d’ouverture sur le monde. Je voulais vous dire que j’aime l’utopie d’un monde sans frontières, que j’ai eu des parents militants pour un monde sans violence, des parents qui ont beaucoup voyagé pour répandre un message de paix et que sûrement il m’en reste quelque chose. Je suis tombée amoureuse d’un homme d’origine africaine et l’idée qu’un jour on puisse tout lâcher pour faire le tour du monde en caravane serait mon rêve absolu !
L’apprentissage de la géographie est un domaine, comme beaucoup d’autres, assez transversal et complètement accessible en unschooling pour tous ceux qui font l’école à la maison. D’abord en sortant de chez soi, en allant se promener, en découvrant sa région, en allant dans une autre ville, on voit bien que tous les paysages ne se ressemblent pas. En voyageant, en lisant des livres, en regardant des documentaires, en s’intéressant au sport, en écoutant de la musique, … les enfants comprennent assez facilement qu’il y a des pays différents, des cultures différentes, d’autres langues que la sienne. La géographie c’est nous, citoyens ; c’est nous, notre monde, comment pouvons-nous passer à côté puisque nous sommes dedans ?
Nous ne voyageons pas autant que j’aimerais mais je vais faire en sorte que cela change. Je crois que nous avons raison d’avoir un chez nous quelque part, que cela est nécessaire, mais qu’il est tellement important d’être nomade. C’est dans nos gênes d’homo sapiens. J’aimerais nous offrir cette richesse de découvertes et de rencontres. Cela était une des raisons numéro 1 dans le fait de faire l’instruction en famille : partir quand on le voulait et où on le voulait.
Alors pour le moment, on découvre la France, notre pays. C’est bien aussi. On a découvert 4 régions complètement différentes en 6 ans grâce à nos déménagements. On n’est pas encore complètement dépaysé mais on voit bien les influences italiennes ici à Nice, allemandes lorsqu’on était à Strasbourg, espagnoles dans le sud-ouest. Et Paris c’est une ville tellement particulière, un pays à elle toute seule.
Les enfants s’intéressent à leur environnement naturellement. En venant au monde, ils s’ouvrent déjà comme des fleurs sur ce qui les entourent et ne cessent jamais de vouloir en savoir plus. On naît citoyen du monde puis on est façonné par des influences culturelles de notre milieu proche (notre famille) et plus éloigné (nos amis, notre école, notre région, notre pays). Maria Montessori disait quelque chose de très intéressant, elle disait que nous naissions inachevé et que grandir allait nous permettre, à la fois d’être influencé par et d’influencer notre environnement. L’enfant reçoit et transforme en même temps.
Les cercles du cosmos
Avec l’idée de faire des ronds dans l’eau pour comprendre toutes ces influences, pour nous situer dans cet univers, j’ai proposé aux enfants les petits cercles géographiques « bonifiés », en partant de « ma chambre » et en allant jusqu’à « mon univers ». Je voulais vraiment proposer un travail de plusieurs jours qui permettent de prendre de la hauteur sur soi tout en apportant beaucoup de sens. Nous avons mis trois semaines pour faire ces cercles. Au début, j’avais démarré classique, en proposant de « ma maison » à « ma planète » et puis nous avons voulu préciser, après « ma planète » nous nous sommes arrêté à « mon système solaire » puis nous nous sommes demandés ce qu’il y avait après. Après, il y a notre galaxie, la Voie Lactée. Et après « ma Voie Lactée » ? Après, il y a « mon univers » avec plein de galaxies dedans. Et après ? Après, on ne sait pas… C’est tout ce travail dont parle aussi Maria Montessori qu’il est intéressant de mener avec les enfants à partir de l’âge de Keyo car il permet de prendre en compte l’immensité dont nous faisons partie. Avant, cela est trop flou mais à partir de maintenant, cela prend consistance. L’enfant de 6 ans développe ses capacités d’abstraction : il commence à pouvoir imaginer ce qu’il ne voit pas.
Nous avons octroyé du temps à chaque cercle. Le but était de prendre le temps, faire ça quand on avait envie et quand on était inspiré. Sur le premier cercle, Keyo s’est amusé à dessiner sa chambre idéale. Il a pensé à tout ce qu’il faudrait réaménager pour accueillir ses copains. Pour « ma maison », il a fonctionné un peu pareil, il a dessiné la maison de ses rêves. Puis, nous nous sommes accompagnés des leçons de géographie trouvées dans nos cahiers d’exercices, de livres et de documentaires pour comprendre « ma ville », puis « mon pays » (avec le livre CARTES qui est génial), « mon Europe » et « mon monde ». Pour les cercles suivants, nous avons mobilisé nos souvenirs sur « Georges et les secrets de l’univers« .
Les cartes postales
Depuis un an maintenant, j’ai lancé un appel aux voyageurs : envoyez-nous des cartes postales ! Nous les accrochons autour de notre planisphère et c’est toujours un moyen de discuter, de parler d’un autre pays que le nôtre.
Il y a aussi mon livre de timbres dont je faisais la collection et que j’ai légué à Keyo. Il en prend soin et l’enrichit des timbres qu’il récupère sur les enveloppes des cartes que nous recevons.
L’apprentissage des langues
Apprendre une langue est tellement quelque chose de naturel que j’ai du mal à rendre cela formel. Nous rencontrons des mots étrangers dans notre quotidien et les enfants les absorbent d’eux-mêmes. Nous sommes dans une société avec énormément d’influences culturelles, notamment anglophones par les séries, le cinéma, la musique… Je ne vois pas comment nous pouvons passer à côté. Mon expérience personnelle me fait dire qu’on apprend les choses quand on est prêt, quand elles font sens. Tant que l’enfant ne voit pas à quoi quelque chose peut lui servir, il ne l’apprend pas. J’ai été très nulle en anglais toute ma scolarité et maintenant je lis des livres en anglais si j’en ressens le besoin, et je comprends presque tout. J’écoute des podcasts en anglais, je lis des blogs américains, je regarde des vidéos sur youtube en anglais… J’ai remarqué que Keyo a apprivoisé différents mots en différentes langues « namasté », « oyasumi nasai », « hola », « obrigado », « hello »… Il me demande : « et ça veut dire quoi yes ? », « comment on dit bonjour dans telle langue »… Du coup, je lui ai proposé de faire ses recherches sur internet. J’avais imprimé « l’arbre des bonjours » sur le site de DULALA.
Il y a aussi les comptines du monde. Nous empruntons souvent des musiques d’autres cultures à la médiathèque : africaines, brésiliennes, japonaises, … Il y a toujours un très grand choix ! Je trouve que l’apprentissage des langues est plutôt ennuyeux avec un cahier, la langue c’est quelque chose de vivant.
Les jeux
Nous avons deux jeux de société assez sympas pour nous initier à la géographie en unschooling : « Les aventuriers du rail » (nous avons la version Europe Junior) et « Le jeu des 7 familles & langues« . Ce dernier est un très joli jeu de cartes avec de belles illustrations pour apprendre à dire grand-mère, grand-père, maman, papa, fils, fille en 7 langues : français, breton, bambara, espagnol, vietnamien, créole réunionnais et anglais.
J’ai également imprimé et plastifié des drapeaux du monde trouvés chez Mr Printable. Plusieurs jeux sont possibles avec : le domino des drapeaux, les replacer sur une carte, retrouver le nom du pays auquel le drapeau appartient, les réunir par continent… Et si vous avez d’autres idées, n’hésitez pas à les balancer en commentaires 😉
Babel
Je vous présente notre interprétation de Babel. Nous ne sommes pas chrétiens mais j’aime beaucoup cette histoire. Je l’ai raconté aux enfants. Et c’est marrant car Keyo m’a montré du doigt les immeubles en face de chez nous et m’a dit « Babel c’est comme les immeubles de la cité d’en face non ? » Ça m’a donné à réfléchir et oui je crois que c’est un peu la même chose. J’ai grandit dans une cité de Babel, un endroit où nous étions de différentes origines. Nous ne parlions pas tous la même langue et pourtant nous devions apprendre à nous connaître et à vivre ensemble pour être heureux et en paix. Babel c’est un peu le monde entier réuni tout près. Je me suis toujours senti mieux dans une « Babel » que dans mon immeuble dortoir où chaque voisin, sachant parler la même langue ne fait pas vraiment d’effort pour connaître son prochain. Par contre, dans une Babel, il y a toujours plus de vie, ce qui semble nous éloigner finalement nous pousse sans cesse les uns vers les autres. Il y a de la chaleur humaine, des gestes avec le cœur et des sourires authentiques. Je regarde souvent cette cité en face, elle n’est pas jolie vue comme ça, elle manque de couleurs, c’est pour ça qu’on en a mis plein sur la nôtre, mais à l’intérieur, il y a plein de cœurs qui battent et me donnent envie d’y vivre plus que chez moi.
Voilà je finis sur une note un peu poétique 🙂 Je crois que j’ai fais le tour de nos ressources en géographie pour notre école à la maison 🙂
Et vous, comment vous faites ? Vous avez d’autres jeux sympas à nous conseiller ?