
Vulnérable.
C’est exactement ça.
Exactement pourquoi tout est si dur.
Beaucoup d’amies autour de moi vivent une première naissance. Elles disent que c’est très difficile, que nous ne sommes pas assez préparées, qu’on ne parle pas assez de ce sol qui se dérobe sous nos pieds.
Vulnérable. Le mot m’est venu d’un coup. Comme un éclair. Il doit y avoir quelque chose de primitif là-dedans, une sensation d’autrefois, un sentiment commun à tous les êtres vivants qui donnent la vie. Les premiers jours, les premières semaines voire les premiers mois. Une insécurité physique et émotionnelle.
On m’a dit : l’être humain est le seul être vivant qui ne survivrait pas si nous n’étions pas là. Impossible de se mouvoir seul et de manger seul. L’abandon tout entier se lit dans le fond de leurs yeux. Le poids de la responsabilité.
Parfois, ça fait peur.
Mais être vulnérable, ça donne aussi l’occasion de voir à l’intérieur de soi. De renouer avec cette sensibilité cachée. Femme forte des temps modernes, qui ne doit pas trembler, qui doit tout assumer.
Vulnérable. Laisse-moi être vulnérable. Pour mieux me comprendre. Pour mieux me connaître. Pour mieux faire face à mes peurs. Pour mieux les accepter.
Laisse-moi oublier tout le reste. Accepter ce sentiment d’impuissance. Cet abandon à l’autre. Laisse-moi avoir le tournis, vivre dans le désordre, ne plus rien contrôler. Etre dans l’incertitude, n’avoir ni tort ni raison, vivre dans un brouillard sans fin. Me laisser submerger par les émotions, regretter, m’enterrer.
Puis lentement émerger. Sortir dépouillée de ce qui me pesait trop. Garder l’essentiel, conserver un peu de cette vulnérabilité qui fera partie de moi tant que mon coeur sera gros. Gros de cet amour d’enfants. Laisser le temps filer. Et avancer.
Vulnérable, vulnérable.