Chaque année, la même tâche nous incombe : celle de préparer notre année à venir en décidant ce que nous allons étudier, comment et dans quel ordre. C’est une préparation qui est vraiment essentielle, car on ne mesure peut-être pas à ce moment-là à quel point cela va nous sauver la vie tout au long de l’année en allégeant notre charge mentale. Et cette tâche est d’autant plus essentielle quand nous avons plusieurs enfants, afin d’avoir une vision claire pour chacun, un emploi du temps qui tient la route, qui nous permet de travailler à peu près le même nombre d’heures mais en ayant plusieurs programmes pour chacun.

Avec la grande quantité de matières qui compose la pédagogie Mason, cette tâche peut vite nous paraître impossible ou en tout cas très difficile et dans cet article j’aimerais vous présenter mes astuces pour organiser l’année de mes enfants et surtout arriver à faire un emploi du temps pour une fratrie d’âges très différents. Vous m’excuserez pour les photos que je partage qui sont mes brouillons. Il me reste encore à mettre au propre notre emploi du temps définitif mais j’attends toujours quelques jours pour laisser… infuser !

Prévoyez plus ou moins une semaine pour organiser toute votre année et quelques feuilles de brouillons, c’est parti !

1) Faire le point

Premièrement, j’utilise l’agenda Nos Jours Dorés qui me permet de clarifier des choses très importantes en amont : 

  • Écrire ma vision pour l’année : cet acte ouvre la programmation. Je pose mes sentiments, mes envies, mes difficultés aussi. Je dresse un tableau de ce que je vois et de ce que je veux pour notre famille.
  • Écrire sur chacun de mes enfants : je parle d’eux, de ce qu’ils aiment, de leurs points forts, etc. Cela me permet de dégager une orientation dans la manière dont je vais faire le planning, les ressources que je vais utiliser, les matières sur lesquelles je vais insister. Par exemple, mes enfants ont chacun choisi une langue différente cette année. Mon aîné veut vraiment apprendre l’allemand, donc je sais qu’il va falloir que j’intègre l’apprentissage de cette matière +++ ; ma fille de 9 ans c’est l’espagnol et ma fille de 7 ans, l’anglais. Mon aîné veut continuer les échecs donc je sais qu’il a son club le mercredi après-midi et qu’il a besoin de temps dans la semaine pour jouer en ligne ; ma fille de 9 ans est très créative et est en demande de beaucoup de temps pour faire de la poterie, de la peinture, etc. ; ma fille de 7 ans aime beaucoup jouer à des jeux de société, etc., donc je vais faire en sorte de prendre tout cela en compte. Concernant leur personnalité, je note aussi ce qui est important en tant que force mais aussi en tant que mauvaise habitude. Par exemple, mon fils de 13 ans a une très bonne compréhension de ce qu’il lit et est autonome sur toutes les lectures, ma fille de 9 ans est assez introvertie et préfère travailler seule, ma fille de 7 ans a besoin de beaucoup de contact donc si on travaille collée sur le canapé ce sera mieux pour elle, etc., etc. En résumé, je note leurs goûts et leurs traits de caractère et cela va me permettre de déterminer les choses importantes à inclure dans notre organisation de la semaine (temps d’instruction mais aussi temps libre et activités).
  • Je fais un point sur le niveau des enfants dans toutes les matières et je note où ils en sont, ce qu’ils ont terminé comme programme/cahier, etc. Cela m’aide à instaurer une continuité pédagogique et à partir de leur niveau et non pas de ce qu’ils sont censés faire par rapport à leur âge.

2) Projection

Je me projette ensuite pour l’année :

Je détermine les matières qui vont être faites par chaque enfant et quelles ressources je vais utiliser dans chacune de ces matières.

Cette année, je sais que mon fils de 13 ans va suivre principalement l’année 8 ; ma fille de 7 ans l’année 1 et ma fille de 9 ans va faire certaines matières de l’année 4, d’autres de l’année 3 et d’autres encore en commun avec sa petite sœur en année 1.

Je choisis également certaines ressources en maths ou en langues étrangères qui leur sont spécifiques.

Je note les activités extrascolaires choisies et leurs horaires dans la semaine.

Je précise aussi les autres choses à prendre en considération (RDV, plages horaires de travail pour moi, etc.)

3) Réfléchir au degré d’autonomie

À côté de chacune de ces ressources, j’utilise un code couleur pour indiquer le degré d’autonomie de l’enfant et si cette matière est conduite conjointement avec les autres frères et sœurs (tous ou certains). 

Il y a 3 ou 4 temps qu’on doit vraiment départager : 

  • Le commun, qui se subdivise en deux niveaux : le support commun à tous les enfants (ou 2-3 enfants de la fratrie), c’est-à-dire que j’utilise la même ressource ; et le temps commun, c’est-à-dire que nous sommes ensemble mais que chacun a une ressource qui lui est propre et qui est conduite sous ma supervision. 
  • Le travail autonome, c’est-à-dire que l’enfant réalise son travail seul.
  • Le travail dépendant, c’est-à-dire que l’enfant a besoin d’un adulte ou (d’un frère/sœur) pour conduire son travail. 

C’est très important d’être réaliste et non pas optimiste. Vous devez vraiment considérer le degré d’autonomie de l’enfant et non pas celui que vous aimeriez qu’il est, auquel cas vous risqueriez, pendant l’année de vous agacer par le manque d’autonomie de votre enfant, l’impression qu’il ne travaille pas si vous ne le surveillez pas, etc. 

Donc pour départager ces temps différents, je prends les emplois du temps des années Nos Jours Dorés choisies et/ou la liste des matières de l’agenda et, sur une feuille blanche, je trace une grande croix et je commence à lister chaque leçon dans la bonne case.

À l’issue de ce travail, je n’ai pas terminé mais j’ai bien débroussaillé l’ensemble des leçons, qui va faire quoi et comment.

4) Faire des essais d’emplois du temps

On passe maintenant à l’emploi du temps. Je construis toujours mon emploi du temps en suivant la trame suivante : 

  • travail commun
  • travail dépendant pour les plus jeunes (qui ont moins de matières) et autonome pour les plus grands
  • travail dépendant avec les plus grands (les plus jeunes ont fini leur temps de travail et sont libérés délivrés)

Donc au tout début de mon emploi du temps, on retrouve d’abord les matières 100% communes (même support – en orange sur ma photo) comme le chant, le dessin, la lecture de la Bible, l’étude des compositeurs et l’étude d’œuvres d’art ; puis les semi-communes (même matière mais avec support adapté à chaque enfant) comme les mathématiques, la récitation et la copie.

Ensuite mon aîné, va travailler dans sa chambre et je poursuis le commun qui concerne mes deux filles Oléia (9 ans) et Loueï (7 ans) – en rouge sur ma photo. Compte tenu de leur âge, je fais en sorte de mettre en commun certaines matières comme l’histoire de France et la géographie.

Oléia passe ensuite à ce qu’elle peut faire en autonomie pendant que je reste en tête à tête avec Loueï.

Loueï a terminé, je passe au tête à tête avec Oléia.

Oléia a terminé, je passe au tête à tête avec mon aîné Keyo.

Un vrai ballet !

5) Adapter et affiner avec le reste de la vie

Dans notre emploi du temps final, je note aussi les activités « extrascolaires », les RDV récurrents avec les amis en IEF, les plages idéales pour les RDV médicaux, et nos plages ou journées temps libres (ne « rien faire » à la maison, c’est aussi très important). Je me note aussi les temps de travail pour moi. Tout cela, je l’affine au fur et à mesure.

Je dégage aussi ce qui ne va pas pouvoir être fait, ou je vois si je peux le placer à un autre moment de la journée ou de la semaine. Par exemple, dans notre cas, les langues sont importantes mais elles nécessitent souvent un ordinateur ou une tablette et je n’aime pas trop les temps d’écran pendant le temps de travail du matin car, de mon expérience, je trouve que ça casse le rythme studieux. 

Par contre, après le déjeuner, nous avons souvent un temps calme et du coup on peut prévoir des activités autonomes sur écran à ce moment-là avant de sortir pour aller se promener ou aller aux activités (ou rester à la maison). Ces temps d’écran sont aussi plus malléables : on peut les déplacer en fin de journée ou, quand c’est une tablette ou un téléphone, l’enfant peut même travailler dans la voiture. 

6) Gérer les jeunes enfants

Je garde le meilleur pour la fin : comment gérer les tout-petits ?

Les jeunes enfants méritent, comme leurs aînés, qu’on prenne un temps de réflexion sur leurs centres d’intérêts et leur personnalité. Ils n’aiment pas tous la même chose et n’ont pas tous le même caractère. Certains enfants ont besoin de beaucoup d’attention, d’autres moins. Certains sont très moteurs, d’autres plus calmes, etc. Donc, là encore, on fait le point et on essaie de dégager une vision réaliste, ainsi que des pistes et activités pour eux.

De mon côté, j’ai toujours considéré mes petits comme des personnes capables de participer avec nous au temps de travail. Je leur prévois leur cahier de narration et leur journal de la nature, ils ont une trousse avec les fournitures de base, leurs feutres et boîtes de peinture, etc. Si certains fichiers peuvent être copiés en plus dans certaines matières, je le fais, comme cela le petit a sa propre copie. Certains enfants seraient très frustrés d’être mis de côté et de ne pas être intégrés au temps de travail. 

En parallèle, les petits enfants doivent apprendre que c’est un temps de travail qu’il ne faut pas déranger. Il faut leur répéter souvent d’être le plus silencieux possible et respectueux des autres enfants qui travaillent. Mais l’avantage de la pédagogie Mason est que de nombreuses matières peuvent convenir à un petit : il peut écouter la musique d’un compositeur, observer un tableau et nommer les couleurs, écouter une histoire, chanter…

Maintenant, j’ai tout à fait conscience que mon petit n’aura pas la même capacité de concentration que les plus grands, aussi c’est un jeu de jonglage entre intégration/prévoir des choses pour lui/le laisser vaquer à ses occupations puis revenir demander de l’attention, etc. 

Certains petits aiment jouer à des jeux de société ou faire des puzzles et on peut intégrer des petits temps de pause dans l’emploi du temps du matin.

Il y a aussi la possibilité de sortir le matin et de faire travailler les plus grands l’après-midi pendant la sieste du petit.

Dans tous les cas, la présence d’un petit enfant est à prendre en compte tout le long de l’organisation de l’année à venir et nous devons adapter nos ambitions à notre réalité familiale. Maintenant, il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de l’habitude. Un jeune enfant qui aura grandi dans une atmosphère avec des horaires d’instruction, prendra l’habitude de ces temps. Sentir que certaines choses lui seront accessibles quand il aura 6 ou 7 ans, attise aussi un peu le désir de devenir un grand, même si d’ici là il doit parfois apprendre à gérer certaines frustrations…

Et vous, avez-vous d’autres astuces à partager pour construire l’emploi du temps d’une fratrie ou gérer un jeune enfant pendant le temps d’instruction ?