Une nouvelle rencontre aujourd’hui ! J’ai pris un grand plaisir à lire, sourire aux lèvres, les réponses d’Adélaïde. Ce qui me plaît tant c’est voir comment chaque méthode est appropriée, quelles connexions familiales sont apportées, et comment cela allège le quotidien aussi ! Puisque, bien que le temps de travail puisse prendre quelques heures selon les âges, la variété des sujets et des lectures, nous apportent tout un tas de nourritures parfaitement adaptées à nos besoins, et alors cela fait qu’on ne se lasse pas. Après l’entrée, vient le plat principal, après le plat principal, un verre d’eau peut-être, puis un peu de salade, de fromage et une douceur en fin de repas… A table, nous ne mangeons pas que des patates, alors pourquoi ferions-nous des mono-diètes avec notre nourriture intellectuelle ?
J’aime le fait que chacun fasse au feeling, opère ses transitions, adapte le rythme à ses besoins. Charlotte Mason proposait de varier les leçons tout en les gardant courtes pour éviter à l’enfant de se désengager de son travail mais je crois que cela ne s’applique pas à tous les enfants, il y a ceux qui finissent très rapidement leur assiette, et ceux qui prennent le temps de mâcher… Et oui j’aime toujours autant l’analogie de l’éducation avec la nourriture car je trouve qu’elle est celle qui correspond le mieux à notre façon d’apprendre et de grandir !
Et si je vous parle de tout ça, c’est parce-que c’est un point qui a embêté Adélaïde et j’ai juste envie de lui dire que l’important c’est qu’elle fasse quelque chose qui lui apporte de l’harmonie et de la joie, et quand je la lis, j’ai juste l’impression que c’est le cas. Par ailleurs, comme je le disais dans cet article, les plannings stricts sont pour les écoles, pas pour les familles 🙂
Je te laisse la parole Adélaïde !
Peux-tu te présenter toi et ta famille ?
Je m’appelle Adélaïde, j’ai 31 ans, je suis mariée et maman de deux petites filles de 7 ans et demi et 4 ans et demi, et la famille va s’agrandir en février 2021 🙂 Nous vivons à Troyes, dans l’Aube. J’ai arrêté de travailler à l’extérieur à l’arrivée de notre deuxième fille, et me suis lancée à mon compte après mon congé parental, je tiens une boutique en ligne de documents pédagogiques numériques et j’ai aussi un blog.
Depuis combien de temps fais-tu l’école à la maison et quel est ton cheminement vers ce choix ?
Cela fait un peu plus d’un an que nous faisons l’école à la maison, nous avons débuté en octobre 2019. J’ai découvert l’instruction en famille quand ma fille aînée avait 1 an et demi, 2 ans, et ça m’a tout de suite beaucoup plu, mais nous n’étions pas encore dans cette optique là. A ce moment je travaillais à l’extérieur et surtout, je ne m’en sentais pas capable. Mais j’avais cette solution « au cas où », c’est ce qu’on s’est toujours dit « si l’école ne va plus, on tente ». Et c’est ce qui s’est passé. Ma fille a fait une année de petite section formidable, la moyenne section a été plus compliquée et la grande section n’est allée qu’en empirant. A chaque retour de vacances scolaires, j’avais droit à des « je veux pas aller à l’école », au début ça durait une semaine, puis deux, puis nous sommes arrivés, après les vacances de Pâques, à ce qu’elle me le dise matin et soir, chaque jour, jusqu’à la fin de l’année scolaire. Elle connaissait le principe et nous a réclamé l’école à la maison. Entre temps, nous avons trouvé un nouveau chez nous et nous sentions capables d’assumer cette instruction. Nous avons alors entamé des mois de réflexion, et avons choisi de procéder ainsi : ancienne maison = école, nouvelle maison = école à la maison. Je voulais pouvoir faire les choses correctement et ne pas commencer l’école à la maison pendant un déménagement. Du côté de ma petite, elle nous a réclamé l’école pendant presque un an, elle allait donc faire le mois de septembre, et selon son expérience, elle restait ou non à l’école. Deux jours, il lui a fallu deux jours pour qu’elle ne veuille plus aller à l’école. Elle hurlait lorsque je la déposais, c’était une torture, nous avons usé de stratagèmes pour apaiser les dernières semaines. Elle n’a donc pas repris le chemin de l’école après le déménagement. La première année d’instruction à la maison a été pour moi l’année des ajustements, nous nous lancions, j’avais plein d’idées en tête, mais il n’y a qu’en y allant qu’on peut se rendre compte de ce que cela représente réellement. Aujourd’hui il y a encore, et il y aura toujours des ajustements, mais nous avons trouvé ce qui nous correspond, et nous n’avons aucun regret d’avoir fait ce choix, nous nous épanouissons tous les quatre ainsi.
Comment as-tu découvert Charlotte Mason et qu’en as-tu pensé à ce moment-là ?
Je ne me souviens plus si j’ai découvert Charlotte Mason avec la narration ou avec le livre des siècles. J’ai d’abord découvert l’un des deux, puis quelques mois après l’autre, et c’est à ce moment que j’ai approfondi. Ca n’a d’ailleurs pas été une mince affaire de trouver des ressources en français ! Ma première idée au sujet de sa pédagogie était qu’elle était très stricte, trop stricte pour moi. Mais malgré tout, beaucoup de choses m’intéressaient ! J’ai donc pris des notes, laissé décanter, et y suis revenue petit à petit.
Est-ce que ton avis a changé sur cette pédagogie depuis ?
Oui et non ahah. Je trouve toujours sa pédagogie relativement stricte, en revanche j’y ai découvert toute la richesse qu’elle apporte et ai compris cette fermeté. J’ai appris à adapter cette pédagogie à mes façons de faire, à mes filles, à notre famille, à y exploiter ce qui nous convient et à laisser de côté ou faire autrement pour ce qui nous convient moins.
Qu’aimes-tu dans cette pédagogie et qu’est-ce que tu aimes moins ?
Ce que j’apprécie le plus, c’est la mise en avant de l’art sous toutes ses formes, de la culture en général. Et surtout, le fait que l’on s’approprie les choses pour soi-même. Si on observe un tableau, il n’y a pas de bonne réponse à donner, j’ai trop souffert des analyses de tableaux ou de textes à l’école qui m’ont complètement dégoutée et éloignée de la culture en général, je suis ravie de renouer avec auprès de mes filles. La culture est vraiment quelque chose de très important pour moi dans notre instruction. J’aime aussi beaucoup le principe de la narration, que nous déclinons pour beaucoup de nos leçons, le fait d’illustrer ces leçons (mes filles adooooorent dessiner) et enfin, la mise en avant de la nature. Dans le monde actuel, je crois que c’est plus que nécessaire !…Les emplois du temps, ou la routine m’ont aussi apporté beaucoup pour structurer et organiser notre instruction, c’est quelque chose qui me parle beaucoup et dont j’ai besoin. En revanche, cela fait partie des choses que je trouvais très stricte et que j’ai adapté à notre sauce. Nous avons un emploi du temps, mais mes filles peuvent choisir de faire leurs cahiers dans l’ordre qu’elles veulent. De même, après avoir essayé, je ne laisse pas de temps imparti pour les leçons, cela ne nous convenait ni à moi, ni à ma fille aînée, cela nous stressait plus qu’autre chose. Nous prenons le temps dont nous avons besoin pour travailler. Voici un autre point que j’aime beaucoup dans cette pédagogie d’ailleurs, prendre le temps ! Ne pas traiter un sujet en deux heures, mais étaler les leçons dans le temps, je trouve que l’on assimile mieux ainsi.
Y a-t-il des choses que tu n’arrives pas à comprendre dans cette pédagogie ou qui manquent selon toi ?
Peut-être un peu de clarté sur la mise en place des programmes. Si je n’ai pas de soucis pour m’inspirer de cette pédagogie pour les leçons d’art, d’histoire, de sciences ou de géographie, je me sens bien plus perdue au niveau des maths et du français par exemple.
Comment appliques-tu la pédagogie Charlotte Mason chez toi ? Dis-nous quels sont tes supports préférés ?
Déjà, je l’applique pour moi aussi ! Cette année, nous avons plus de Charlotte Mason dans notre façon de travailler, nous avons donc des cahiers pour chaque « matière », ou enseignement, et j’ai moi-même des cahiers. Je participe avec mes filles. Je trouve que cette pédagogie apporte beaucoup, et j’ai envie d’en profiter aussi, pour moi et avec mes filles. Nous utilisons beaucoup le principe de la narration, c’est un exercice que je trouve extrêmement pertinent et intéressant, nous l’incluons dès que nous pouvons dans nos leçons. Nous utilisons donc beaucoup de livres et de cahiers, ce sont des « supports » très simples, mais qu’on affectionne particulièrement. Nous avons aussi mis en place des routines qui nous facilitent les choses et nous aident dans l’organisation de nos journées et de nos séances de travail. Nous travaillons donc le matin et le reste est du temps libre pour jouer ou aller profiter de l’extérieur. Je trouve vraiment que l’essence de cette pédagogie est de prendre son temps, de faire les choses pour soi et de s’appliquer à bien les faire, et j’aime beaucoup ces points !
Utilises-tu d’autres pédagogies ? Comment arrives-tu à les harmoniser ?
J’utilise un petit peu de Montessori. J’apprécie notamment les cartes de nomenclature, qui nous servent de supports pour apporter des informations complémentaires à nos études. J’ai quelques connaissances sur différentes pédagogies, je connais quelques principes, mais c’est vraiment celle de Charlotte Mason qui me parle le plus.
Quels sont vos livres vivants préférés ?
Nous adorons les contes, de tout type. Ils nous permettent de découvrir énormément de choses et il est rare qu’un conte ne nous plaise pas. Dans un autre registre, notre dernière lecture marquante en date a été Pax et le petit soldat, ma fille aînée et moi avons été happées par l’histoire, cette lecture a été un vrai bon moment de partage toutes les deux. Et elle attend avec impatience de pouvoir lire la suite de L’Ickabog !
Quel est ton meilleur souvenir nature ?
Je crois que mes meilleurs moments à l’extérieur sont lorsque je vois mes filles observer, essayer de comprendre, toucher, poser des questions. Nous vivons près d’un grand et beau parc, nous y avons notamment vu des écureuils, nous aimons y observer les canards. Ah si, je me souviens d’un jour, lors d’une balade au bord d’un canal, avoir vu une poule d’eau qui ne bougeait pas, elle était en train de nicher, et une autre poule d’eau lui amenait des branchages pour façonner le nid, nous sommes restées un moment à observer ce joli spectacle 🙂
Penses-tu que cette pédagogie mérite de se développer en France ?
Oh que oui ! Elle est tellement pleine de bon sens, si facile à mettre en place ! Des cahiers (ou des feuilles et un classeur), des livres que l’on peut facilement trouver d’occasion ou emprunter, des visites de musées, des sorties dans la nature, des choses si simples et qui apportent tant.
Y a-t-il des choses que tu aimerais mettre en place dans le futur de ton « école à la maison » ?
J’aimerais réussir à mettre plus de Charlotte Mason dans notre approche des mathématiques et du français. Pour cette année, j’ai pris des cahiers, que nous devrions terminer d’ici mars ou avril je pense. Pour la fin de l’année scolaire, j’aimerais que nous soyons plus dans l’esprit Mason, pour voir si je peux y arriver, si cela nous convient ou si des supports extérieurs nous sont vraiment nécessaires (d’autant plus qu’à ce moment là, bébé sera né).
S’il y a une autre question que je n’ai pas posé, et que tu vois d’autres choses à ajouter :
Je tiens à te remercier pour tout le travail que tu entreprends autour de cette pédagogie. Tu nous apportes tellement à nous, les familles qui souhaitons la mettre en avant, mais aussi à elle, en faisant sa promotion, en la mettant en avant, en nous mettant à disposition des ressources, tu n’imagines même pas l’aide que tu nous offres, alors merci beaucoup ! Et merci de m’avoir permis de parler de cette pédagogie que j’affectionne particulièrement 🙂
C’est moi qui te remercie de bien avoir voulu partager un bout de ton quotidien et de tes réflexions avec nous !
Adélaïde a une boutique en ligne de documents pédagogiques numériques et également un blog sur lequel elle partage un peu de cuisine, du quotidien avec ses filles, ses lectures, … Elle a aussi un compte Instagram.
A bientôt !