Lorsque nous avons pris la voiture, alors que le soleil brillait encore jusque là, le ciel s’est grisé petit à petit. Des nuages sombres ont recouvert le ciel et j’ai eu un moment d’hésitation. Était-ce une bonne idée d’aller pique-niquer là-haut dans les montagnes ?

J’ai persévéré en me disant que c’était ça aussi la vie d’aventurier, puis on pouvait toujours manger dans la voiture… Je m’en serais tellement voulu de ne pas y être allée, d’avoir manquée cette ambiance particulière, cette sensation de solitude agréable, cette vue incroyable, cette brume qui finit par se dissiper pour nous laisser voir la mer… Et toutes ces pierres, cette odeur de thym, ces petites bêtes que les enfants ont observé de longues heures et cette quiche mangée à même le sol en compagnie de mes trois enfants.

Quelle chance j’ai de les avoir.

C’est dans ces moments-là qu’on se rend compte à quel point la vie est simple, qu’il suffit de très peu pour être heureux. Sortir un peu de ses habitudes, du confort, oser voir et se laisser surprendre.

J’avais oublié à quel point cela nous faisait du bien d’être dehors. Avec la fin de mes études et ce mois de juin qui commence, je retrouve notre vie comme je l’aime : des sorties improvisées souvent en fin de journée. L’année dernière, nous étions trois, cette année nous sommes quatre et le dicton a bien raison : plus on est de fous, plus on rit.

Quel plaisir de les regarder grandir. Quelle chance pour moi d’être là à chaque minute de leur existence pour observer cela.

Dehors, la vie est tellement plus facile. Les enfants ne se chamaillent pas, la terre est grande et fourmille de petits trésors, il y a toujours des choses à voir pour les petits curieux. Et le porte-bébé, mon meilleur ami pour la vie, endort Loueï sans effort.

Nous avons ramassé de nombreuses herbes aromatiques. Les enfants et moi avons ressenti énormément de gratitude envers la vie. Tout ça ! Que ce sera délicieux sur nos pizzas maison ou notre clafouti aux tomates cerise, ou encore en infusion, ou parsemé sur une salade.

Cultiver la reconnaissance comme valeur essentielle dans notre famille prend du temps et la seule chose que je puisse faire est être le meilleur exemple possible : remercier, faire les choses avec plaisir, dire aux gens tout ce qu’ils nous apportent de bon, pourquoi nous sommes heureux de les avoir dans nos vies.

Il faut souvent dépasser notre pudeur. Oser. Là encore, sortir des choses à l’intérieur de nous et ne pas avoir peur.

Au retour, Keyo et Oléia ont eu le droit de rester allongés dans le coffre. C’est une petite route de montagne où l’on roule doucement. J’étais heureuse de pouvoir leur offrir cela. Les meilleurs souvenirs de mon enfance, je les ai passé, entre autres, dans la Toyota de mes parents. Une voiture 7 places avec des sièges rabattables derrière. Avec les copines, on s’amusait tellement dans cet endroit là. On riait, qu’est-ce qu’on riait. Et puis, on pouvait s’allonger aussi, regarder les étoiles.

Lorsque Oléia m’a demandé si on était bientôt arrivée, ce n’était pas parce-qu’elle était pressée. Je lui ai dit « dans 15 minutes cœur », elle m’a répondu « c’est pas grave maman c’est bien comme ça. » J’ai compris que c’était parce-qu’elle aurait aimé que cette routé dure une éternité.