Il y a quelques mois, j’ai été super chamboulée par un reportage que j’ai vu passé tard à la télé. Je me souviens, c’était après le film « Polisse », c’était sur les enfants maltraités ou quelque chose comme cela. Le thème bien lourd. Je ne sais même pas pourquoi j’ai regardé cela, j’étais enceinte en plus à ce moment-là. Il y a eu une scène qui m’a profondément choquée, c’était celle d’une mère chez qui des agents des services sociaux débarquaient à l’improviste pendant que 3 de ses cinq enfants étaient à l’école, et les deux autres plus petits à la maison. Ils venaient faire un contrôle des lieux : gros zoom sur le plancher plein de miettes et de bordel, tri dans le frigo (« mais ça c’est pourri madame »). Ils ont discrètement subtilisé les deux enfants avant de lui annoncer qu’elle ne pourrait pas les revoir tant qu’elle n’améliorait pas leurs conditions de vie.

Cette femme qui pleurait, criait… on lui volait ses petits, ça m’a tout simplement traumatisé. Alors peut-être qu’il y a eu des faits plus graves, de violences répétées, de choses qui n’étaient pas très claires dans le reportage, mais j’ai trouvé ça carrément abject de dépeindre le rôle de la mauvaise mère en zoomant sur les miettes de son salon et en jetant des trucs peut-être un peu moisis de son frigo. J’ai trouvé ça horrible. Horrible parce-que cette femme a 5 enfants, que moi j’en ai 3 mais déjà avec un, je ne suivais pas le rythme. A n’importe quel moment des services sociaux débarque chez moi, ils peuvent faire le même reportage dégoutant sur ma maison.

5 enfants, vous vous rendez compte ? 5 enfants et on l’humilie parce-que sa maison n’est pas clean. On me parle de partage équitable des tâches ménagères, de plus d’équilibre entre le père et la mère. Ok mais si la société arrêtait de s’adresser à la mère seulement quand on prend des nouvelles des enfants, si on arrêtait de s’adresser à elle en lui parlant de sa maison, comme si elle en était la seule responsable, peut-être que davantage de femmes décideraient alors de lâcher prise avec cette foutue injonction, peut-être qu’on se sentirait moins coupable d’accueillir les gens chez nous avec un peu beaucoup de bordel ou de choses pas bien lavées. Parce-qu’on ne va pas se dire « cet homme ne prend pas soin de son foyer », non c’est la femme la mauvaise, celle qui ne joue pas son rôle, qui ne fait pas son job. C’est inscrit dans la conscience collective.

Alors franchement, pour être honnête, je m’en fous un peu moi (enfin ça dépend des jours) de m’occuper plus des tâches ménagères et des enfants, je l’ai décidé en fait. J’ai décidé d’être là, de faire rouler la machine, de porter ce petit monde sur mes épaules et quand y’en a marre, je mets tout sous le canapé avec mes pieds. Non je blague, mais presque pas. La dernière fois on parlait d’autonomie avec quelqu’un mais je ne sais plus qui. On me demandait si rendre autonome ses enfants ça voulait pas un peu dire aussi ne plus s’en occuper ? Mais oui ! C’est exactement l’objectif ! Et c’est mal ? Non, on s’en occupe toujours toute la journée (et toute la nuit pour certains hum). Mais manger, se brosser les dents, se laver les mains, s’habiller, jouer, dessiner, laver son linge, attacher sa ceinture, participer aux taches ménagères… on ne peut pas tout faire à leur place. Et personnellement, quand je vois un enfant qui ne met toujours pas ses chaussures seul à 6 ans, ça me fait de la peine pour lui…

Voilà, c’était un article un peu énervé aujourd’hui mais poing en l’air, doigts repliés, Mother Power !