Un peu de nouvelles de nous par ici, tant que je peux venir encore écrire et poster quelques photos. Ces derniers temps, nous sommes beaucoup dehors à la découverte de notre belle région et entourer de gens que nous apprécions. Je ressens le besoin d’en profiter avant de rentrer dans un cocon d’ici quelques semaines, après la naissance, lorsque nous serons 5 et que les longues balades qui durent toute la journée se feront un peu plus rare pour un temps. Par ailleurs, cela fait bientôt un an que nous avons emménagé près de Nice et je suis contente de commencer à connaître quelques coins sympas, je me plais beaucoup à découvrir et m’extasier sur les jolis villages environnants.

Enceinte de 7 mois et demi, c’est aussi important pour moi de garder la forme, continuer à vivre, m’imprégner de toutes les beautés qu’offrent la nature, profiter de ces derniers moments en tête à tête avec mes deux “grands”, profiter que ce troisième bébé soit dans mon ventre, porté, nourri et logé comme il faut. Je ressens beaucoup de fatigue et mon corps commence à être douloureux mais ces balades me font du bien.

Aujourd’hui, nous avons passé une journée de plus en bonne compagnie. Les affinités se créent et les liens d’amitié se resserrent ici, entre adultes et entre enfants. Il y a des choses sincères qui se dégagent et ne trompent pas. Au fur et à mesure de nos déménagements, nous avons rencontré de nombreuses personnes et dans chaque ville où nous avons posé nos valises, nous pouvons donner quelques noms de personnes avec qui la relation a été forte, avec qui le partage a été authentique. Keyo a toujours baigné dans notre univers à Dov et moi, nous l’avons très rarement fait garder pour être avec nos amis ce qui fait qu’il a toujours partagé quelque chose avec des grandes personnes.

Ces nombreux adultes référents sont pour lui un large éventail de possibilités de devenir. En grandissant, il a lui-même commencé à nouer des amitiés sincères avec d’autres enfants. Après sa déscolarisation, ça a toujours été le point le plus difficile : comment être sûr de ne pas le priver d’amis ? Cela nous a beaucoup questionné sur l’amitié. Finalement, qu’est-ce que l’amitié ? En regardant notre passé, on en a croisé du monde, de la maternelle aux études supérieures, puis au travail, dans notre quartier… Aujourd’hui, adulte, où en sommes-nous ? Si nous devions cité quelques noms, lesquels viendraient en premier et où les a-t-on rencontré ? Qu’est-ce qui définit la sincérité de notre amitié avec cette ou ces personnes ? Qu’est-ce qui fait qu’on se sent bien avec eux ?

Nous avons autant de liens différents qu’il existe de personnes que nous connaissons. Mais avec certaines personnes, il y a quelque chose de fort qu’on n’arrive pas toujours à expliquer, il y a quelque chose de sain qui se dégage de cette relation. Il y a quelques amis que j’ai rencontré au cours de mes études, j’ai conservé quelques liens, plus ou moins intimes selon les personnes. Mais j’ai aussi des amis rencontrés en dehors, des amitiés qui ne se sont pas développées parce-que l’on se voyait quotidiennement mais parce-que malgré les obstacles, nous avons réussi à garder un lien invisible.

Pour Keyo, c’est pareil. Certes avec l’école, il serait tous les jours avec 25 autres enfants et personne ne se soucierait vraiment de savoir s’il a des amis car il aurait surement plein de copains. Mais des amis, c’est-à-dire des personnes qui nous rendent profondément heureux, qu’on se fait une joie de retrouver, avec qui nous avons toujours plein de choses à raconter, avec qui on n’a pas peur d’être ce qu’on est… Il y en a peu au final. A Strasbourg, Keyo a eu quelques vraies amitiés, des amis dont il me parle encore et qu’il, je suis certaine, n’oubliera jamais car il a vécu avec ces personnes pour la première fois de sa vie, de vraies relations amicales. Des amitiés dépassant le cadre scolaire. Ni des compagnons, ni des copains, ni des connaissances, des amis. Ceux que les enfants appellent par leur prénom, ceux dont ils parlent souvent, ceux qu’ils ont envie de voir tout le temps, ceux qu’ils n’oublient pas malgré la distance.

Là où on vit actuellement, c’était un peu plus compliqué au début. Nous avons rencontré pas mal de familles mais beaucoup de rencontres sont restées superficielles, ça ne fait pas tilt avec tout le monde. Rencontrer des familles avec qui nous, parents, nous entendons bien et dont les enfants s’entendent bien, c’est l’osmose parfaite que nous commençons à approcher en dépassant la barrière de rencontres succinctes lors de rassemblements, en allant manger chez l’un ou chez l’autre, en s’organisant des sorties spécifiques, en nous rendant compte que ni les enfants ni les adultes ne regardent l’heure, en ayant hâte de se revoir, et vouloir organiser des pyjamas party ! Il y a quelque chose de réel quand on sent aussi que ces rencontres ne sont pas seulement d’ordre pratique et que les parents ne font pas “juste” ça pour les enfants, mais que derrière il y a une vraie volonté de créer du lien social et partager un bout de chemin ensemble.

Aujourd’hui, on m’a dit “oh non, si tu déménageais on serait triste.” Ça m’a fait un pincement au cœur parce-que moi aussi je commence à me dire que je commence à aimer être ici et m’y sentir chez moi. Cette petite phrase m’a fait me rendre compte que je devenais importante pour quelqu’un ici, c’est un peu ça l’amitié non ?