Bonjour ! Me revoilà avec un article concernant la lecture des livres de Charlotte Mason dans le cadre de l’Idyll Challenge ; ce mois-ci nous devions lire les chapitres 9 à 15 du volume II, Parents et Enfants (toujours en cours de traduction mais nous arrivons bientôt au bout de ce beau bébé).

Le mois dernier, les chapitres se focalisaient sur le rôle des parents et sur la famille. Ce mois-ci, nous passons à l’enfant et notamment comment former son caractère, ce qui est “l’objet ultime de l’éducation” selon Charlotte Mason.

De quoi est formé le caractère ?

Si nous voulions présenter le caractère d’un individu sous une forme mathématiques, nous pourrions l’écrire comme cela :

Caractère = tendances héritées + tendances modifiées par le milieu + l’éducation

  • Les tendances héritées sont ce que nous héritons de nos parents, inconsciemment ;
  • Les tendances modifiées correspondent à l’influence de ce qui est extérieur à notre famille, cela agit encore comme une réception passive, inconsciente ;
  • L’éducation est l’intervention consciente sur le caractère pour l’avilir ou le magnifier. C’est ici que nous avons le plus de possibilités pour mener de véritables réflexions et prendre position.

Quels sont les leviers pour élever le caractère ?

A priori, nous cherchons tous à magnifier le caractère de nos enfants. Alors, pour Charlotte Mason, quels sont les leviers qui nous permettent de l’élever et de le sublimer ?

Trouver la qualité du défaut

Débarrassez-vous des mauvaises herbes et faites pousser les fleurs.

Charlotte Mason, Volume 2

Ce thème se rattache à la notion d’habitude si chère à la pédagogie de Charlotte Mason. Et dans ce deuxième volume, il est intéressant de noter qu’elle s’explique un peu plus concrètement pour agir au niveau des habitudes, non pas les “habitudes de faire” (comme cela est décrit dans le volume 1 avec cette histoire de “ferme la porte derrière toi”), mais les “habitudes d’être”.

Nous pouvons nous imaginer comme des Sims. Je ne sais pas si vous avez déjà joué à ce jeu sur ordinateur mais quand j’étais ado, j’y passais de nombreuses heures le WE. Quand on construit nos Sims, nous avons des jauges pour le caractère qui, poussées à l’extrême dans un sens comme dans l’autre, créent plus un défaut qu’une qualité.

Charlotte Mason explique que chacun de nos défauts cache en fait une qualité et que c’est ce travail que nous devons faire afin de magnifier la qualité.

Elle donne l’exemple d’une petite fille qui écoute toujours aux portes et se mêle sans cesse des affaires des autres. Charlotte Mason explique que cette petite fille a soif de connaissances et que c’est en l’occupant et en lui transmettant des idées que cette petite fille pourra se concentrer sur ses activités à elle plutôt que sur celles des autres.

Apprendre, rendre service, aimer sont des dispositions que nous avons tous en chacun de nous et que nous pouvons utiliser pour détourner l’enfant de ses mauvaises habitudes : “Tracez de nouvelles lignes à la place de l’ancienne. Ouvrez-lui les voies de la bonté. Faites-lui goûter, chaque jour, à chaque heure, le plaisir de plaire. Mettez-le dans la voie de faire de petits projets pour le plaisir des autres – un jouet qu’il a inventé, un plat de fraises qu’il a cueilli, un jeu d’ombres pour amuser le bébé ; emmenez-le faire des visites à des voisins pauvres, portant les choses et donnant de lui-même. Pendant tout un mois, le cœur de l’enfant s’épanche en actes, en projets et en pensées de bonté, et l’ingéniosité qui se dépensait en tours malicieux se transforme en avantage pour sa famille maintenant que ses actions sont bienveillantes.”

Le petit devoir que cela nous encourage à faire est de lister les défauts de nos enfants et de trouver la qualité qui conduit à ce défaut. Nous savons tous qu’être persévérant c’est bien, mais devenir entêté peut nous créer des problèmes ; ou que vouloir bien faire est une qualité mais quand cela devient un perfectionnisme excessif, cela est finalement un obstacle dans notre vie de tous les jours car nous sommes trop critiques envers nous-mêmes ou envers les autres.

“…nous pouvons accomplir beaucoup plus en empêchant soigneusement chaque “défaut de sa qualité” d’apparaître. Ne laissez pas aux mauvaises herbes la place de pousser. Et encore une fois, le défaut peut souvent être repris et retourné pour nourrir la qualité elle-même.”

Charlotte Mason nous encourage aussi à lister les qualités de nos enfants et à les mettre en avant, à les magnifier. Dans un passage de son volume 2, elle dit que nous devons rester attentif aux talents de nos enfants, à leurs intérêts et que nous devons les soutenir et les encourager même si cela nous demande un effort.

En fait, je vois tout cela comme un travail “d’orientation’ ou de “réorientation” des désirs / pulsions afin de leur trouver un exutoire mais que ce soit vers le bien plutôt que vers le mauvais – même si écouter aux portes n’est pas quelque chose de grave et que, comme dit Charlotte Mason, ce n’est pas une raison pour penser ou dire du mal de l’enfant.

Les récits imaginaires et héroïques

Les contes de fées, les fables, les récits héroïques… sont autant d’histoires qui alimentent l’imaginaire des enfants, aiguisent leur sens moral, suscitent des émotions… car elles vont au-delà de l’apparence simple des récits, elles remontent à “l’enfance de l’humanité” par une sorte de “psychologie des profondeurs”. Tout cela les aide à se construire, à former leur caractère.

Concernant les récits héroïques, Charlotte Mason consacre tout un chapitre à Beowulf et aux anciennes énigmes anglo-saxonnes. Elle s’intéresse à ces sujets aussi d’un point de vue éducatif et patriotique, ce qui peut nous inviter à faire de même au sein de notre propre pays. Mais, je pense qu’on peut élargir ces récits à tout type d’histoires inspirantes qui vont transmettre des bons modèles de vie pour les enfants.

La vie spirituelle

Mais pour Charlotte Mason, la vie spirituelle est le plus important : “L’enseignement moral, les révélations spirituelles, les belles images de la Bible sont les choses qui l’intéressent, et [l’enfant] ne peut en avoir trop.”

Charlotte Mason invite fortement les parents à vivre leur foi avec leurs enfants et pas seulement confier l’instruction religieuse à d’autres.

“Tout est possible au petit enfant, et la touche du spirituel sur notre monde matériel, les problèmes difficiles, les paroles dures, qui sont une offense, dans le sens biblique du mot, à ses aînés, ne présentent aucune difficulté à la foi totale de l’enfant.”

Le travail manuel et créatif

Dans cette partie, Charlotte Mason ne s’épanche pas trop sur ce sujet. Elle mentionne seulement le travail manuel comme “vivifiant l’intelligence et renforçant le caractère”. Mais nous savons à quel point créer, construire, fabriquer des choses permet de forger le caractère, cela fait descendre l’énergie dans la partie basse du corps, ce qui est très important à l’heure où l’intelligence de la tête est continuellement sollicitée.

Les idées élèvent le caractère

En fait, tous ces points ont en commun la transmission des bonnes idées pour nourrir convenablement le caractère de nos enfants.

“Notre rôle est de veiller à ce que son assiette éducative soit constamment remplie d’idées appropriées et inspirantes, et nous devons ensuite laisser à l’enfant le soin de prendre ce qu’il veut, et autant qu’il le veut. (…) Nous ne nous contenterons pas de leur apprendre la géographie, l’histoire, le latin, etc., mais nous nous demanderons quelles idées marquantes sont présentées dans chacune de ces études, et comment ces idées affecteront le développement intellectuel et moral de l’enfant.”