Il m’arrive de me demander si créer des coupures dans nos habitudes d’apprentissage pendant les vacances est une bonne chose. Nous mettons beaucoup de notre énergie à créer des rituels et prendre un rythme, et les vacances créent un double sentiment contradictoire : l’effet d’une libération mais aussi d’une désorganisation à laquelle nous mettrons fin deux semaines plus tard par une petite phrase telle que “Fini les vacances !”.

Dans mon idéal, l’instruction en famille atteint une harmonie et une fluidité telles que nous ne ressentons pas le besoin de couper. Nous ralentissons peut-être, adoucissons, allégeons, peut-être mais nous ne coupons pas. Parce-que c’est notre vie et que nous ne créons pas de séparation entre le travail et les loisirs, parce-que pour nous lire et apprendre en famille est un plaisir. Parce-que nous souhaitons conserver des habitudes qui nous apportent du bien-être.

Les habitudes prises à l’école et assouplies à la maison, parce que « c’est les vacances maintenant, tu sais », ne deviennent pas vraiment des habitudes de vie.

Charlotte Mason, vol. 3 p. 107

La devise “L’éducation est une discipline, une atmosphère, une vie” résonne d’autant plus à l’approche de ces coupures. Et c’est pourquoi j’ai beaucoup réfléchis ces dernières semaines à notre rythme de vacances de Noël. Il me semble qu’il est important de garder ces moments où l’on se retrouve le matin autour de la table et de poursuivre les activités qui nous détendent et nous connectent à nous et aux autres. Nous enlevons la grammaire, les mathématiques et toutes les leçons qui nécessitent une concentration intense et nous donnons plus de place aux lectures, aux activités manuelles et au dessin. Ce pourrait être :

  • une lecture offerte d’un conte de Noël
  • la lecture d’une grande œuvre littéraire
  • enrichir le journal de la nature
  • enrichir le cahier des gens bien avec les personnes que l’on connaît dans la vie et à travers les livres
  • pratiquer les langues étrangères en famille
  • faire de la peinture, du pliage, de la pâte à modeler…
  • écouter de la musique
  • … toute autre activité qui vous fait du bien !

EDIT : Depuis l’année dernière, j’ai créé des cahiers de vacances inspirés de la pédagogie Mason, justement pour éviter les coupures et accompagner chaque famille à garder un rythme tout en apprenant de belles choses.

Pour ma part, j’ai décidé de mettre en place une nouvelle habitude pendant les vacances : celle de lire une biographie d’une personne “bien”. Cela peut être un ou une saint(e), Jésus, Bouddha, Nelson Mandela, Gandhi, Rigoberta Menchu… Les personnes qui ont œuvré pour la paix, aux valeurs positives et humanistes, sont heureusement nombreuses. Pour commencer, j’ai choisi Mère Teresa. Je voulais un livre, un vrai, pas une petite biographie de deux pages que l’on peut trouver dans les livres pour enfants (ou adultes) qui compilent des portraits. Je voulais qu’on parte réellement à la rencontre de cette grande dame, qu’on la comprenne dans son intimité, qu’on soit pleinement touchée par ses pensées et ses idées. Je voulais de la douceur et de belles valeurs pour ces vacances de Noël. Le livre que j’ai sélectionné est Mère Teresa, une vie pour l’amour de Navin Chawla.

Je trouve que Noël est une période vraiment parfaite pour garder un rythme lorsque l’on fait l’instruction en famille ou pour en installer un lorsque nos enfants vont habituellement à l’école. C’est une période où nous cherchons à mettre plus d’emphase sur nos liens familiaux afin de passer des moments précieux ensemble.

Ce que vous voulez, c’est quelqu’un qui vous découvrira, qui sera gentil avec vous, et qui vous aimera juste pour vous et rien d’autre.

Charlotte Mason, vol 5, p. 213

Charlotte Mason a écrit un petit chapitre dans son cinquième volume sur les vacances de Noël. Comme d’habitude je le trouve plein de vérité et, comme par enchantement, je lis toujours ses mots au moment où j’en ai le plus besoin.

En ce moment, c’est un peu difficile à la maison dans nos relations avec Oléia, ma fille de 5 ans et demi. Elle a toujours été très expressive avec de grands besoins de décharger en cris et en pleurs quand elle atteint son trop-plein. Mais son trop-plein s’atteint très rapidement en ce moment et je ne sais pas toujours comment l’accompagner. Je peux me sentir désarmée. Parfois, je suis assez patiente mais d’autres fois non, et alors je n’accepte pas son attitude. Je ne suis pas chrétienne et pourtant ces derniers temps il m’est arrivée de prier pour y voir plus clair, pour me sentir soutenue dans ces moments difficiles que l’on vit tous avec plus ou moins d’intensité selon les périodes et les enfants. Ces prières m’ont vraiment donné la sensation de ne pas être seule dans ce chemin et de me sentir plus capable de faire face.

Je sens qu’elle grandit et qu’elle a besoin de se sentir plus utile. Certaines de ses frustrations difficiles à gérer pour elle viennent d’un sentiment très fort d’inaptitude ou d’incompréhension, et elle répète beaucoup qu’elle en a “marre”.

Ils se trouvent si peu dignes d’amour, qu’aucun signe à part une révélation absolue avec les lèvres, les yeux et le toucher ne les convaincra qu’ils sont aimés.

Charlotte Mason, vol 5 p. 115

Ce sont des étapes de passage, un peu comme le papillon qui sort de sa chrysalide. La vie est ponctuée de cycles de mort et de vie et cela nous concerne tous, surtout au moment où l’on atteint le paroxysme de “la mort” dix jours avant le solstice d’hiver, jour de fête qui célèbre le retour de la lumière après des nuits toujours plus longues.

Alors si comme moi, vous avez besoin de voir un peu plus de lumière en ces jours sombres, je vous laisse avec quelques passages que j’ai adoré lire :

“Si quelqu’un en qui ils ont confiance et qu’ils honorent, qui sait et qui voit à quel point ils sont fautifs, mais les aime, considérant les fautes haineuses comme des choses étranges dont il faut se débarrasser. Si ce quelqu’un les tient en amour et confiance sans mesure malgré les fautes, alors, les jeunes vies se développent comme des fleurs par temps ensoleillé ; et les parents qui connaissent ce secret de l’amour n’ont pas de garçons moroses ni de filles maussades.” (C. Mason, vol. 5, p. 116)

“Les actions ne parlent pas plus que les paroles à un jeune cœur ; il doit le sentir dans votre toucher, le voir dans vos yeux, l’entendre dans votre voix, ou vous ne convaincrez jamais un enfant que vous l’aimez, même si vous travaillez jour et nuit pour son bien-être et son plaisir. C’est peut-être la leçon spéciale de Noël pour les parents. Le Fils est venu pour dire aux hommes que les âmes les plus pauvres et les plus honteuses parmi eux vivent enveloppés dans un amour infini. Une réponse d’amour pour l’amour. Et qui mieux que le parent peut aider à faire avancer cette « merveilleuse rédemption » ? Le garçon qui sait que son père et sa mère l’aiment avec une patience sans mesure malgré ses fautes ne tarde pas à percevoir, à recevoir et à comprendre les relations de l’Amour supérieur.” (C. Mason, vol. 5, p. 116)

“Parents, aimez vos enfants », est probablement un conseil inutile pour quiconque lit cette page (…) mais permettez-moi de dire aux parents réservés et peu démonstratifs : laissez vos enfants sentir, voir et être bien sûr que vous les aimez.

Charlotte Mason, vol. 5, pp. 116-117

Je vous souhaitez à tous de merveilleuses fêtes de fin d’année !