Après les Living Books, les living notebooks ! Je souris légèrement quand j’écris cela, ce que je veux dire c’est qu’en pédagogie Charlotte Mason, on favorisera le travail à partir de cahiers vierges. Ce sera l’enfant qui le fera prendre vie, comme des livres vivants font prendre vie un récit.

Après avoir présenté les cahiers que nous utilisons sur mon compte Instagram, comme promis, le voici résumé en entier sur le blog.

Le livre des siècles

Si nous avions commencé par une grande frise du temps quand Keyo avait 6 ans, j’ai rapidement voulu faire un livre des siècles. J’ai un peu tâtonné au début (classeur, pas classeur, présentation…) puis je suis tombée sur le blog qui en a parlé le mieux selon moi : Poule ou coq. Elle résume parfaitement l’article du PNEU qui décrit ce magnifique objet en anglais ici. Je précise que, dans les écoles Mason, ce livre-cahier était utilisé à partir de 10 ans. Mais il est possible, en école-maison, de le démarrer plus tôt et d’en faire un familial, comme nous l’avons fait.

A dire vrai, même si ce n’est pas le plus esthétique de nos cahiers, c’est mon préféré. Le livre des siècles est bien plus qu’une chronologie, c’est un livre que l’on crée et que l’on garde toute notre vie. On y met les découvertes, inventions, personnes, lieux et événements à travers les histoires que nous rencontrons dans les livres (ou films, ou musées…). Et chaque fois que nous l’ouvrons c’est comme retrouver de vieux amis.

Pour Charlotte Mason, l’éducation est la science des relations et c’est ce que ce cahier permet : tisser un lien avec chaque objet et personnage. Par ailleurs, il permet de visualiser chaque période de l’histoire et comprendre ce qui s’est joué au même moment. Par exemple, nous avons pu nous rendre compte que le siècle où Hannibal traversait les Alpes, le cadran solaire était inventé en Chine et le phare d’Alexandrie construit en Egypte. Nous avons pu également comprendre que chaque pays n’en était pas au même niveau de civilisation : par exemple au moment où les celtes en Europe étaient encore à l’âge de pierre, l’Égypte Antique vivait son âge d’or…

Le cahier des gens bien

Aux dernières nouvelles, j’ai également fait mon entrée dans ce cahier. Sur l’unique volonté de Keyo, je précise. Je ne soudoie mes enfants que pour obtenir des œufs en chocolat à Pâques et à Noël 😁

En pédagogie Charlotte Mason, on part de cahiers vierges sur lequel l’enfant écrit et illustre ce qu’il retire d’une leçon ou d’un sujet d’étude, en anglais on les appelle notebooks. 

Le cahier des gens bien sert à garder une trace des personnages rencontrés à travers les lectures (romans ou biographies), mais aussi dans nos vies. Des héros et héroïnes antiques ou plus modernes, imaginaires ou réels. De mon point de vue, il agit également au niveau de l’éducation morale car il vise à retenir et souligner les qualités, les bonnes actions, le positif. Cela cultive un certain optimiste, la conscience du bon, du bien, du beau, et puis savoir faire des compliments ce n’est pas donné à tout le monde. Et pourtant, si on voyait tous le côté positif de chaque chose, chaque personne, on vivrait sûrement dans un monde moins violent 

Le calendrier des premières fois

Je l’ai fabriqué avec un cahier de poésie qui prenait la poussière, un peu de kraft, du masking tape et il était devenu bien plus joli. C’est un cahier assez récent car Keyo l’a commencé fin février. En fait, je cherchais une solution pour l’encourager à consigner ses observations de la nature.

Dès qu’il voit pour la première fois (de cette année) tel oiseau, tel insecte ou telle fleur, il le note le jour-même et le dessine. Dans 365 jours, nous pourrons constater si de nouveau nous observons pour la première fois la même fleur, le même oiseau, le même insecte à ce moment de l’année. Et comprendre ainsi le cycle des saisons, le cycle de la vie, que certaines fleurs arrivent plus tôt et d’autres plus tard, etc. Et puis on loupe tellement de choses quand le printemps arrive, c’est la grosse fiesta, on n’a pas le temps de comprendre ce qu’il se passe que ça pousse et fourmille de partout.

Charlotte Mason disait qu’un enfant qui observe la nature et comprend ses changements aura appris le principal dans sa vie. On dirait que c’était la chose la plus importante pour elle. J’ai eu un peu de mal à faire de cette observation un “travail”, c’est-à-dire encourager très fortement cette étude avec consignation dans un cahier. Moi-même je ne le fais pas. Mais en fait c’est vraiment quelque chose que j’ai envie de faire : m’acheter un jolie cahier et dessiner dehors ce que je vois. Peut-être alors cela semblera plus naturel aux enfants.

Pour finir, quand j’ai eu l’idée de ce cahier, je l’ai fais avec ce que j’avais sous la main mais comme vous pouvez le voir sur les photos, il n’y a déjà quasiment plus de place, or ce qui est intéressant c’est aussi de pouvoir comparer sur plusieurs annees. Donc si jamais ça vous tente, faites-le sur un cahier plus grand. Et puis, j’étais limitée en nombre de pages alors, c’est dommage, car les dessins se trouvent au verso du mois, ce serait vraiment beaucoup mieux que le texte et le dessin soit côte à côte. Mais c’était une tentative et comme cela a bien pris, je choisirai un cahier plus adapté l’année prochaine.

Les cahiers de dessins de la nature

Je continue dans le thème des cahiers nature en vous parlant de deux grands cahiers @mercurius_france que l’on utilise comme cahier de dessins.

L’année dernière, les insectes étaient à l’honneur et, à présent, comme nous lisons “Toutes les créatures du bon Dieu” de James Herriot, Keyo a eu l’idée de faire un peu comme les planches pédagogiques Deyrolles. Sur deux grandes pages il dessine plusieurs espèces appartenant à la même famille. La seule contrainte posée par ces cahiers : travailler avec de l’aquarelle !

Par ailleurs, nous avons commencé tous les deux à apprendre des techniques de dessin d’observation. Plus que “bien dessiner”, c’est surtout “dessiner avec une rigueur quasi scientifique”.

Le cahier de littérature

Dans ce cahier, Keyo narre à l’écrit les histoires avec lesquelles nous commençons nos matinées. Il y a eu l’épopée de Gilgamesh, la mythologie égyptienne et le feuilleton de Thésée jusqu’à maintenant. J’aime bien commencer nos matins de travail par des contes et légendes, je trouve que c’est ce qui convient bien à l’âge de Keyo et aux filles qui écoutent également la plupart du temps. Cela nous permet aussi d’avoir une continuité historique car nous parlons en même temps de l’histoire des sumériens, des égyptiens, des grecs… Notre prochain livre est les Contes Celtes d’Elena Chmelova. Les croyances, les noms, les objets décrits dans ces histoires nous donnent déjà de nombreux éléments culturels.

Le cahier de sciences

Le cahier des sciences, quant à lui, est utilisé pour consigner les expériences et les lectures plus scientifiques (sur la création de la terre, sur les microbes ou encore sur l’eau). Keyo y a aussi noté énormément d’idées d’inventions, de robots… Je crois que c’est le seul cahier qu’il utilise vraiment en dehors des leçons.

Le cahier de géographie

J’utilise pour cela un cahier de géographie Mercurius France. J’aime beaucoup son format. Nous l’utilisons toujours dans un esprit de narration écrite à différents niveaux :

  • pour les leçons de géographie formelle. Ici, par exemple, nous étudions toutes les façons de repérer les directions ; mais nous avions aussi fait une petite initiation à la cartographie en essayant de dessiner une carte de notre lieu de vie (pas encore à l’échelle…)
  • pour accompagner les différentes lectures : par exemple pour Marco Polo, au fur et à mesure de la lecture, nous notons les villes citées dans le livre ; lorsque nous avions lu “L’île des dauphins bleus”, Keyo avait dessiné l’île comme il l’imaginait (en suivant une description faite dans le livre) et avait écrit quelques éléments sur le village ; pour notre lecture du Tour de France de Camille et Paul là encore je compte narration et cartes.

D’autres cahiers : cahier de vie, journal de lecture…

Je ne vais pas vous montrer notre cahier de mathématiques ni le cahier de recopie qui n’ont pas grand intérêt, mais je précise qu’ils existent au cas où vous vous poseriez la question…

De plus, je souhaitais également dire que la pédagogie Charlotte Mason se traduit par un grand amour des cahiers. Il peut y en avoir plus que ce que nous utilisons. L’enfant pourrait tenir un cahier de vie où il note ce qu’il a fait dans la journée, il pourrait tenir un cahier sur un sujet plus spécifique (sur les oiseaux, les drapeaux…) ; et en grandissant il pourrait tenir un journal de lecture. C’est un outil qu’utilisent tous les universitaires donc c’est vraiment lui donner de bonnes habitudes de travail.

Charlotte Mason disait à ce propos : “Il est très utile de lire avec un journal de lecture, pour noter toutes les pensées frappantes de votre auteur, ou votre propre impression de l’œuvre, ou d’une partie de celle-ci ; mais pas des résumés de faits. Un tel journal, soigneusement conservé tout au long de la vie, devrait être extrêmement intéressant car il contient l’histoire intellectuelle de l’écrivain ; d’ailleurs, nous n’oublions jamais le livre dont nous avons fait des extraits, et dont nous avons pris la peine d’écrire une courte critique.”

Ce cahier pourrait donc contenir des copies de passages littéraires, vos citations favorites, des notes de l’auteur, de la poésie, des versets religieux, des croquis et plus…

J’arrive au bout de ce long article qui, je l’espère, vous aura aidé à y voir plus clair dans la mise en place plus concrète de la pédagogie Charlotte Mason. Si vous avez des questions ou que vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à laisser un commentaire !

A bientôt,

Maeva