Cela fait de longs mois que j’ai envie d’écrire cet article, j’avais envie de parler de la façon dont nous percevons l’autonomie chez nous et comment nous faisons pour que les enfants se sentent libres de faire ce qu’ils ont besoin de faire. En effet, derrière le mot “autonomie” il y a surtout le mot “liberté” : être libre de choisir, se libérer de la domination d’un adulte sur notre capacité à nous mouvoir et à répondre à nos besoins, à nos envies. Évidemment, comment parler d’autonomie sans parler de Maria Montessori ? C’est elle, en effet, qui a attiré l’attention sur le besoin d’autonomie de l’enfant, souvent étouffé par une éducation surprotectrice ou trop autoritaire. “Aide-moi à faire tout seul” est devenu la célèbre phrase pour résumer cette pensée. Pour bien la comprendre, il faut distinguer les deux parties de la phrase : “aide-moi” et “faire tout seul”. A mon sens, cela revêt davantage de sens que le seul besoin matériel que l’industrie Montessori nous vend à bons coups de jolis objets en bois valant très très chers. Maria Montessori mettait l’accent sur un matériel adapté à l’enfant mais pas seulement, il y a derrière tout cela une attitude bienveillante de l’adulte qui vise à inclure l’enfant dans les activités du quotidien : faire à manger ensemble, se brosser les dents ensemble, s’habiller ensemble, plier et étendre le linge ensemble, … Mais sortir aussi : aller au café, faire les courses, se balader, jardiner, … Bref, laisser l’enfant être là, imiter, essayer de reproduire à la perfection chacun de nos gestes, apprendre de nous et des autres, profiter et s’enrichir de son environnement et se libérer peu à peu de nous. L’autonomie me semble être la base pour avoir confiance en soi et s’affirmer, savoir qui l’on est et ce que l’on veut.

Si je devais résumer, je dirais que sur le chemin de l’autonomie il y a deux aspects : émotionnel et matériel. Émotionnel parce-qu’accompagner vers l’autonomie c’est d’abord et avant tout une attitude complète qui demande présence, observation, accompagnement, lâcher prise et confiance, agrémentée de beaucoup d’amour. Quand je dis cela, ça a l’air super simple mais je sais que cela nécessite un travail sur soi permanent hein ^^ Puis matériel, car en effet, même si on ne décide pas d’acheter toute la panoplie “vie pratique copyright Montessori”, il y a des aménagements à faire à la maison pour que l’enfant puisse se mouvoir librement et répondre facilement à ses besoins. Mais, selon moi, il y a besoin d’acheter très peu de choses.

“Aide-moi à”…

Aide-moi cela suppose une relation entre deux personnes, une coprésence. Acheter ou fabriquer du matériel de vie pratique Montessori n’est absolument pas l’essentiel, ce qui compte c’est notre présence, notre amour, le fait que nous partagions notre vie, aussi banale soit-elle, avec nos enfants. Lorsqu’un invité nous rend visite, il ne nous viendrait pas à l’idée de le laisser seul dans une pièce, nous l’inviterions avec nous dans la cuisine, il pourrait nous aider à préparer le repas s’il en a envie. Un enfant c’est pareil, c’est même le meilleur invité de notre vie. Je pense sincèrement qu’il faut avoir davantage conscience de cela plutôt qu’avoir plein de petites choses, très mignonnes soit dit en passant, à hauteur de l’enfant. Aider l’enfant c’est évidemment être présent pour lui et lui permettre d’être présent pour nous, c’est observer en quoi il est limité, ce qu’il aimerait faire seul et l’accompagner dans cette voie. L’accompagner signifie lui montrer, le laisser expérimenter, le laisser faire des erreurs sans jugements, sans remarques (il n’y a rien de plus désagréable que quelqu’un qui relève toujours nos erreurs alors que nous sommes plein de bonne volonté), donc être là en confiance. Puis avoir confiance suppose le fait de lâcher prise car l’enfant a aussi besoin qu’on ne soit pas toujours derrière lui à surveiller ce qu’il fait et comment il le fait, lâcher prise c’est aussi accepter d’autres façons de faire que son idée de l’idéal, accepter que notre enfant n’est pas nous, il est une autre personne et a le droit de faire les choses différemment.

J’ai beaucoup fait à la place de Keyo lorsqu’il était petit, je l’ai souvent empêchée de faire, de m’aider car ce n’était pas fait correctement. Puis j’ai juste compris que c’était normal. Comment un enfant peut-il être adroit si on ne lui laisse pas la possibilité de s’exercer ? Porter des choses lourdes, verser, transvaser, faire tomber, casser, ramasser, réparer, … Oui c’est dur d’être patient, c’est fatiguant mais c’est surtout le début de l’apprentissage qui demande beaucoup de présence puis après les choses roulent toutes seules. Une fois que les acquis sont là, nous retrouvons tellement plus de temps que lorsque nous faisions toujours tout à la place de nos enfants.

“faire tout seul”

Je suis maman de deux enfants. Mon ainé a 6 ans et ma fille a 2 ans. L’un et l’autre chemine vers une autonomie adaptée à leur âge et à leurs besoins. Oléia a surtout besoin de savoir s’occuper de soi : se laver, se mettre de la crème, s’habiller, se coucher et se lever librement de son lit, se servir des céréales ou de l’eau toute seule, mais aussi entretenir la maison (mettre la table, passer l’éponge, donner un coup de balai, …). Bref, les gestes du quotidien qu’ils nous voient faire à longueur de journée ! Pour elle, c’est donc assez simple, nous avons disposé dans chaque pièce des marche-pieds et tout est rendu accessible. Depuis qu’elle marche, nous avons opéré des changements assez régulièrement pour l’aider à faire toute seule. Nous avons passé la première étape des matelas par terre lorsqu’elle a eu un an mais nous aurions pu le faire beaucoup plus tôt (ce sera fait pour le troisième ^^). Maintenant, elle va faire la sieste toute seule, avec son petit livre, puis elle finit par s’endormir tranquille.

Dans la cuisine

Toute la vaisselle est au niveau des enfants et cela depuis toujours. Oui il y a eu de la casse au début mais cela fait longtemps que ce n’est plus arrivé. Ainsi, les enfants peuvent mettre la table, se servir un verre d’eau et ranger le lave-vaisselle ! Oléia a un grand marche-pied qui lui sert de chaise et qu’elle déplace partout lorsque nous préparons à manger, pressons des oranges ou encore faisons la vaisselle. Et pas question de ne pas la laisser participer : elle coupe les légumes, touille la soupe, … et nous sommes là, en coprésence.

Prendre soin de soi

Dès l’entrée, les enfants ont chacun une patère à leur taille pour accrocher leur manteau. Nous avons également disposé des paniers pour les chaussures et les accessoires de sortie (chapeaux, gants, écharpe, …). Tout est accessible et tout se range facilement. Dans leur chambre, chacun a ses vêtements à sa portée. Pour Oléia, nous avons organisé ses affaires en bas de la commode pour qu’elle puisse choisir ses vêtements et s’habiller ou se déshabiller autant qu’elle le veut ! Par ailleurs, dans la salle de bain, chacun a son panier à linge sale et Keyo apprend actuellement à faire tourner sa machine, étendre son linge et le plier comme un grand ! Dans la salle de bain, les enfants ont accès à tout ce dont ils peuvent avoir besoin : peigne, brosse à dent, dentifrice, coton, crème, serviettes, gant de toilette, … toujours avec un petit marche-pied si besoin !

S’amuser, jouer, dessiner

Tout est également organisé pour que les enfants aient leurs jouets, livres et matériels divers facilement accessibles. Dans un placard, je range certains jeux qui ont perdu un peu de leur intérêt pour pratiquer une rotation et également les jeux que Keyo ne veut pas qu’Oléia touche (ses billes, sa boite de légos, son jeu d’échecs, …). Je choisis aussi de ranger le matériel qui me semble trop fragile ou trop salissant pour être en libre accès tout le temps (Oléia a eu sa période je colorie les murs avec les feutres…). Dernièrement, nous avons un peu dépensé d’argent pour réorganiser la salle de travail : une table en bois, deux petits tabourets et un meuble de rangement étaient devenus nécessaires. Mais finalement ça a été les seuls achats.

Vie pratique

Pour tout ce qui concerne la vie pratique, nous n’avons rien acheté (nous avions déjà un petit balai, ça aurait été le seul achat sinon). Les enfants utilisent les mêmes éponges, chiffons, balais,… que nous. Dans le salon, il y a une table basse qui sert aussi pour les repas télés. Mise à part quelques aménagements et accessoires, nous n’avons pas eu besoin d’acheter quoi que ce soit. Oléia s’entraine à ouvrir et fermer des boutons ou des zips sur ses vêtements, à nouer ses lacets ou fermer des scratchs sur ses chaussures, à transvaser avec deux verres d’eau présents sur la table, à ouvrir et fermer avec les bouteilles et boites utilisées au quotidien, … et toutes sortes d’activités à travers ses jeux dans sa chambre, dans le bain, dehors…

L’autonomie quand on devient grand

Du haut de ses 6 ans, Keyo a besoin qu’on lui confie plus de libertés et de responsabilités : aller chercher le pain ou faire des petites courses, se rendre au parc tout seul, parler avec ses copains au téléphone loin de moi, lire avec une petite lumière après lui avoir dit bonne nuit et lui laisser le soin de choisir quand l’éteindre, faire des gâteaux ou cuire son œuf au plat du matin ! Hier, il m’a même apporté mon petit-déjeuner au lit… Il était trop fier et moi trop contente vous imaginez bien ^^ Être autonome quand on devient grand c’est pour nous le challenge de ne plus considérer l’enfant comme un bébé tout en lui apportant la présence, le réconfort, la tendresse qu’il réclame et dont il a besoin comme tout être humain. C’est être très à l’écoute et aimer ce qu’il est et ce qu’il devient, c’est accepter sa personnalité, accepter ses centres d’intérêt, accepter nos points de désaccords, accepter nos différences. Sans venir tout perturber avec notre ego et nos attentes. C’est voir grandir un très jeune adulte, assister aux prémices de quelques métamorphoses pas toujours faciles à vivre mais aimer cette jeune personne plus fort que tout.

Je vous laisse avec cette vidéo que j’ai enfin pris le temps de monter ! Je l’avais faite pour garder une trace plus vivante que les photos de nos journées sans école. J’espère qu’elle vous plaira, les enfants la regardent en boucle en tout cas ^^

[vimeo 209276193 w=640 h=360]

Une journée sans école – Maeva danse from Maeva&Dov on Vimeo.

A bientôt ici ou ailleurs !

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