A mes enfants : devenez des êtres accomplis, amours de ma vie. Cela vous mènera au bonheur, vous deviendrez les personnes que vous avez toujours rêvé d’être, vous ferez les choses que vous avez toujours rêvé de faire. Quand je vois vos sourires jusqu’aux oreilles, quand j’entends vos rires, mes merveilles, je suis soulagée car je vois dans vos yeux le bonheur d’exister. Comme ces étoiles qui filent dans le ciel, il suffit de vous voir une seconde pour que ma vie soit belle.
Pour la plupart des gens, la vie se résume à aller à l’école, aller à la fac, trouver un bon travail qui rapporte de l’argent et surtout bien le garder jusqu’à ses 60 ans. La retraite semble être enfin la porte de sortie, la possibilité de vivre sa vie et accomplir quelques rêves. Avant je disais : je ferai ça quand les enfants seront grands, j’irai là-bas quand j’aurai 60 ans. Mais je me suis rendu compte que trop de personnes passaient à côté de leur vie, mourraient en ayant toujours tout reporter à demain, attendant le bon moment pour enfin retrouver ses rêves d’enfants.
Le moule dans lequel nous grandissons nous guide sur une route principale et les chemins de traverse nous font bien trop peur, on s’y sentirait bien trop seuls. Je suis encore jeune et j’ai pris conscience de tout cela il y a un an. Déscolariser Keyo a été la meilleure chose que j’ai faite dans ma vie, elle m’a donné une autre vision du monde, une autre vision de moi-même. Non pas que j’eusse la prétention de penser que c’est la bonne pour tout le monde, c’est la meilleure pour nous.
Ce que je souhaite à mes enfants c’est de devenir des êtres humains accomplis et ne pas perdre des années à se demander quel est le sens de cette vie, ce que je suis, ce que je veux, ce que j’aime par dessus tout. Parfois, je traverse des périodes de crise avec mon fils. C’est parce-qu’il s’affirme avec toute la liberté qui est la sienne, toute la pureté qu’il a en lui, et moi, malgré les envies de changement que j’ai, je garde des traces de ce moule dans lequel je veux le mettre.
Je l’admire. J’admire son courage, j’admire ce petit être qui ose dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, qui ne se laisse pas impressionner ni marcher sur les pieds avec toute la bonté et la sagesse qu’il conserve encore de ses premières années. Souvent, on me dit que l’école forge le caractère, que ce n’est pas facile mais que c’est pour préparer à la vie. Parce-que la vie c’est dure, qu’il faut surmonter les obstacles, supporter un boss aigri, ruser pour la meilleure stratégie… Et si la vie c’était autre chose ? S’il manquait à ce monde toute la douceur des premiers jours ? S’il manquait à ce monde des gens qui pensent différemment ? S’il manquait à ce monde un peu de magie, un peu de conscience, un peu de zèle dont le rire des enfants est la clef ?
J’avais quelques mots à écrire ce soir, inspirés par certaines chansons de Nekfeu que j’ai passées en boucle aujourd’hui, dont celle-ci :
Je ne vois plus que des clones, ça a commencé à l’école
À qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir ?
Ici, tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros
Et j’ai poussé comme une rose parmi les orties
Je t’avais promis qu’un jour tu te rappellerais de nos têtes
Je ne suis pas près de me taire
De la primaire au lycée, déprimé, je me sentais prisonnier
Parce que les professeurs voulaient toujours me noter
Pourtant, j’aimais les cours, j’étais différent
De tous ceux qui me disaient : “Soit tu subis, soit tu mets les coups”
Moi, je rêvais d’aventure, griffonnais les devantures
J’attaquais tout ce qui m’était défendu
Rien à péter de toutes leurs émissions télé de vendus
Je voulais voir le monde avant d’être rappelé devant Dieu
Et, pour ne pas qu’on se moque de moi, je bouquinais en cachette
Pendant que les gamins de mon âge parlaient de voitures
Un des gars de l’époque bicravait des Armani Code
Et, un beau jour, il a ramené une arme à l’école
J’étais choqué de le voir avec un glock (Oui !)
J’en ai rien à foutre de vos putains de codes (Oui !)
J’avais peur, je l’ai dit, mais j’ai un cœur, je le dis
Mais je suis toujours là pour mes putains de potes
Maintenant, pour lui, le bruit des balles est imprimé dans le crâne
Ceux qui traînaient dans le bât’ l’ont entraîné vers le bas
D’t’façons, quand tu fais du mal, au fond, tu ressens du doute
À qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir ?
Ici, tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros
Et j’ai poussé comme une rose parmi les orties
Casse-toi, moi, je ne me sens pas casanier
Instable, ne me parlez pas de m’installer
Quand t’es différent des autres, on veut te castagner
T’es malheureux quand t’as qu’un rêve et que tes parents ne veulent pas
Traîner vers le bas, t’inquiète, je te promets de me battre
Non, je n’aime pas quand je me promène et que je vois
Ce petit qui se fait traquer pour des problèmes de poids
Mais pour qui se prend-on ? De tristes pantins
J’écris c’te pensée pour que Le Christ m’entende
Et, dans nos cœur, on est à l’ère de L’Age de Glace
Aymé ? C’est plus qu’un personnage de H
On n’est pas des codes barres
T’as la cote sur les réseaux puis ta cote part, nan
On n’est pas des codes barres
T’as la cote sur les réseaux puis ta cote part
Le regard des gens t’amènera devant le mirage du miroir
Mais, moi, j’ai la rage, ma vision du Rap, elle est rare
Tant qu’un misérable s’endormira dans la rame
Pendant que le rat se réchauffera sur les rails Vu qu’on forme des copies conformes
Qui ne pensent qu’à leur petit confort
Je ne vois plus que des clones, ça a commencé à l’école
À qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir ?
Ici, tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros
Et j’ai poussé comme une rose parmi les orties
J’éduque ma peine en leur parlant de nous
Je décuple mes sens comme un handicapé
Comment trouver le chemin qu’on m’indique à peine ?
J’me sens comme Andy Kaufman dans Man on the Moon
Nique les clones
Nique les clones
Nique les clones
Nique les faux
« Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette
Laissant les assiettes des autres vides et qui, ayant tout
Disent, avec une bonne figure, une bonne conscience “Nous, nous qui avons tout, on est pour la paix !”
Tu sais c’que j’dois leur crier, à ceux-là ?
“Les premiers violents, les provocateurs de toute violence, c’est vous ! Et quand, le soir, dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos p’tits enfants, avec votre bonne conscience, au regard de Dieu, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients que n’en aura jamais le désespéré qui a pris des armes pour essayer de sortir de son désespoir.”»
Eh ben ! quelle envolée…Que dire, je suis de celle qui n’a jamais pu entrer dans le rang…même quand j’ai voulu, j’ai pas réussi ! Parce que des fois, c’est fatiguant de ne pas être comme les autres…On te regarde bizarrement, on se dit celle là elle fait comment pour vivre, pour voyager, pour élever ses enfants ? surtout que finalement, quand tu ne te vois pas de faire autrement que d’être à la marge, ben tu trouves des solutions, tu te débrouilles pour faire plein de choses que ceux qui bossent à plein temps toute leur vie ne peuvent pas faire et c’est louche ! Oui, on se sent parfois seul et parfois celle solitude m’a encore fait rêvé de pouvoir rentrer dans le rang mais j’ai encore raté… Alors, peu à peu j’accepte que c’est comme ça, que ma vie, c’est ça… Mon problème finalement ce n’est pas tant de ne pas être comme les autres mais de l’assumer ! J’ai encore aujourd’hui le cul entre deux chaises… Alors quand j’entends, que je lis, que je vois briller dans tes yeux la passion d’une éducation différente, quand je vois la créativité que tu développes, le boulot que tu fais pour accomplir ce que tu sens avec tes enfants et ben j’ai des frissons tant je trouve ça beau ! Un jour j’ai demandé à Tim pourquoi il ne voulait pas faire de “prépa” alors qu’il pouvait, il m’a répondu que je lui avais souvent dit que les études, ce n’était pas tout, qu’il fallait aussi et surtout apprendre â être heureux… Bingo ! C’est toute ma contradiction. Que puis-je dire d’autre que : ” va jusqu’au bout de tes rêves ” et que le rire de tes enfants ne s’estompent jamais…
Merci Catherine ! Tes mots sont tellement beaux que j’en ai les larmes aux yeux. On se sent toujours tiraillé entre nos aspirations profondes et l’image qui nous ai renvoyé par les autres. Chaque jour, quand je sors avec mes enfants, je rêve de croiser des familles qui ne scolarisent pas leurs enfants mais cela ne m’est jamais arrivé ; quand je parle à des mères, j’aime tomber sur des femmes qui voient la maternité comme moi, elles sont de plus en plus rares mais quand ça arrive je suis contente de ne pas me sentir seule et pouvoir partager entre personnes qui se comprennent… La solitude c’est le truc le plus compliqué et c’est pour ça que l’on se rapproche de groupes qui partagent des aspirations semblables comme à l’AMAP, des groupes de non-sco, de groupes de parole sur la bienveillance éducative, les gens du PH, … Là, je m’y sens vraiment bien, je me sens vraie, ça fait un bien fou !