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Cela fait une semaine que nous avons entamé nos temps de “travail” le matin. Je mets le mot “travail” entre guillemets car il est assez loin de ce qu’il peut évoquer dans l’esprit collectif, notamment dans le milieu scolaire. Pas de ligne à recopier, d’apprentissage formel de la lecture, d’addition ou de soustraction, de grammaire, et j’en passe. Mais il semblerait que le terme “temps de travail” rebute complètement Keyo qui à son nom, fuit à toute vitesse dans sa chambre pour me dire : n°1) soit qu’il est très très, mais alors très très très occupé ! n°2) soit qu’il a très très, mais alors très très très mal aux bras… Alors là, 3 options se dressent devant moi : n°1) je m’énerve n°2) je pleure n°3) je prends le large. Pic et pic et colegram, bour et bour et ratatam, am, stram, gram !

Je suis épuisée depuis une semaine car le matin je négocie, j’explique, je réexplique pourquoi nous avons décidé de mettre cela en place, pourquoi c’est important de faire certaines activités que je lui propose. Je lui explique que les enfants de son âge qui vont à l’école restent assis toute la journée sur une chaise et n’ont pas d’autres choix de faire ce que leur professeur leur donne. Alors qu’ici, ce n’est pas du tout le cas. Il y a seulement un moment dans la matinée où nous prenons le temps de travailler et le reste de la journée il est libre de faire ce qu’il a envie. Et encore, même pour le temps de travail, il a le choix parmi plusieurs activités, je n’impose pas. Je me rends bien compte que ça ne fonctionne pas aussi facilement que j’aimerais, même si une fois qu’il a soufflé “d’accooooooord” et s’est lancé dans quelque chose, il apprécie, il y met du cœur, il fait en sortes d’être fier de lui. Celles et ceux qui suivent nos petites aventures quotidiennes sur Instagram ont pu apercevoir nos réalisations. Elles sont belles, on y arrive, on s’amuse, on rigole… c’est vraiment le démarrage qui est long et fastidieux.

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Je sais, tout cela est normal. C’est le début et il faut prendre de nouvelles habitudes. Keyo a passé plus d’une année en liberté totale depuis sa déscolarisation fin septembre 2015. Et je n’ai pas de doute sur le fonctionnement du “unschoolling“. Il est très bon en calcul mental, commence à décrypter tout doucement les mots, il apprend de ses jeux, s’interroge sans qu’on ait besoin d’intervenir, prend la vie comme elle vient, et tout ça est vraiment parfait. Alors bien sûr, je me demande s’il ne vaudrait pas mieux poursuivre exclusivement les apprentissages informels. Comme dirait M. Neil, il n’a sûrement pas épuisé son réservoir de liberté. Mais peut-être ne l’épuisera-t-il jamais. Tout cela, me fait beaucoup douter. Heureusement, son papa est là et m’aide à relativiser car selon lui c’est important d’installer des moments consacrés à l’étude, aux recherches, au dessin, … surtout en prévision de l’inspection. Et puis, les choses qu’on lui propose sont ludiques, le matériel est varié et de bonne qualité. Comme je l’ai déjà mentionné sur le blog, j’ai opté pour la solution Charlotte Mason et son banquet d’idées. J’aime bien ce terme, il est plein de bon sens. Sur la table, j’installe plusieurs éléments et laisse le choix. Je mets toujours des choses que Keyo aime.

Si j’analyse un peu son comportement en ce moment, je trouve qu’il est très anti-autorité. Il grandit, change et a besoin de s’affirmer. Mais du coup, son esprit de contradiction guide ses choix ce qui ne nous aide absolument pas. Il suffit qu’il s’intéresse à quelque chose et que je dise “tiens bonne idée, tu veux ouvrir ce livre ?” qu’il s’en détourne fissa. Je n’ai pas envie qu’il fasse les choses pour me faire plaisir mais par plaisir tout court. Depuis hier, je n’interromps plus ces moments de jeux (normalement nous devions commencer à travailler dès le petit-déjeuner terminé et la salle à manger rangée), j’installe quand même des choses sur la table, Oléia et moi nous mettons à travailler (c’est bon pour le moral à cet âge-là). Keyo finit par réintégrer le salon, je lui demande de regarder sur la table si quelque chose l’intéresse. Évidemment depuis hier, c’est encore “non” mais au lieu d’insister, je lui demande de proposer quelque chose qu’il préfèrerait faire. Mon objectif, c’est de nous détendre vis-à-vis de ce temps car j’ai peur que cela finisse par être angoissant pour tout le monde. Alors, il choisit de lire des livres ou de faire un jeu de société. Une fois qu’on s’est “reconnecté”, je m’aventure à proposer un truc “trop chouette” pour voir si ça le tente, comme ce matin avec le dessin de nos corps en taille réelle.

C’est compliqué, je me questionne énormément tous les jours et je chemine petit à petit. Je crois que je dois déjà me convaincre moi-même que nous faisons le bon choix dans le fait de formaliser un temps le matin. Peut-être que ce temps sera déplacé à l’après-midi bientôt, je teste encore nos routines de sorties (entre les besoins de voiture pour chacun) et nos rituels qui s’installent plutôt assez facilement (surtout la pizza du mercredi soir…^^). Je suis vraiment ouverte à vos conseils et expériences, ça me ferait beaucoup de bien d’échanger sur le sujet pour reprendre du poil de la bête 🙂