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Je dois avouer que j’appréhendais les choses beaucoup plus sereinement il y a encore quelques semaines mais le stress monte. Oui, car c’est notre première année où l’instruction devient obligatoire et donc contrôlée par l’état. Malgré le fait que je sois complètement confiante dans les apprentissages autonomes, je me suis tout de même remise en question sur la manière dont on pourrait organiser cette année pour que le contrôle se passe au mieux et que Keyo soit toujours aussi heureux de vivre et d’apprendre, naturellement.

Je me sens proche de la pédagogie de Maria Montessori et c’est surtout sa façon de voir le monde et considérer l’enfant qui me plaît chez elle, mais j’ai trouvé aussi chez Charlotte Mason une façon inspirante d’aborder l’éducation à la maison. Je n’ai pas choisi d’appliquer plutôt l’une ou l’autre. Toutes les pédagogies et les avancées en neurosciences ne cessent de m’inspirer sans que j’eusse besoin de me ranger dans une case. Je prends chez l’un ou l’autre, je fouille dans ma mémoire d’enfant et revit les meilleurs moments, j’échange beaucoup avec plein de personnes afin de m’enrichir et m’adapter aux besoins et à la curiosité naturelle de mon enfant.

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J’ai construit une vision de cette année IEF 2016/2017 grâce aux échanges avec d’autres mamans IEF, la lecture de blogs, de livres mais aussi en nous prenant en compte nous, notre famille, dans notre rythme, notre façon d’être, de voir la vie. Je vais donc un peu aborder notre organisation pour cette non-rentrée 2016. Je serai ravie d’échanger en commentaires tout en bas :))

Donc la première chose que j’ai faite, c’est m’acheter un gros cahier pour y consigner toutes mes idées, les attentes de l’éducation nationale, les pistes d’organisation, et nos activités réalisées au fur et à mesure de l’année. Ce sera donc notre “carnet de bord”. A priori, c’est moi qui le complèterait mais il reste totalement ouvert à Keyo qui pourra aussi écrire, coller nos tickets de musée, des photos… Je souhaite vraiment partager avec lui ce carnet car j’ai envie de l’inclure dans ce processus de décision, dans cette organisation, lui permettre d’être aussi acteur dans ce choix de vie.

De plus, on a pris un moment tous les deux pour parler de cette année. Je lui ai expliqué qu’en septembre, la plupart des enfants allaient à l’école (il y est déjà allé donc il sait à quoi ça ressemble). A son âge, les enfants rentrent en CP et au CP, on apprend surtout à lire et écrire. “Toi, tu n’iras pas à l’école mais un monsieur ou une dame, qu’on appelle inspecteur/inspectrice, viendra dans plusieurs mois nous rencontrer pour que tu lui racontes tous les supers trucs que tu aimes faire !” Il m’a répondu “Ok ok j’ai compris !!!”, signe que j’avais déjà assez parlé ^^

Par ailleurs, je me suis listée des pistes d’activités permettant d’enrichir notre environnement, comblant les intérêts des enfants tout en explorant la transversalité de tous les domaines d’études. Les mathématiques et le français sont les deux matières principales enseignées à l’école primaire, et pour comprendre et donc assimiler ces matières, il existe d’autres moyens que les exercices. Je ne peux pas vraiment opposer les activités formelles à celles non-formelles car parfois, elles s’entrecroisent. Et une activité en apparence formelle peut convenir si elle s’appuie sur un intérêt fort de l’enfant comme la cuisine, les dinosaures, les cailloux ou encore le dessin (liste non-exhaustive).

Je vais essayer de présenter cette liste alliant formel et informel en regroupant un peu les activités, bien que certaines pourraient se retrouver dans un autre groupe.

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Les activités formelles (à visée programme scolaire) :
  • Jeux éducatifs sur ordinateur comme Adibou ou Lapins Malins. Plein de Cd-Roms existent de ce côté, je me renseignerai un peu plus car c’est ludique et ça plaît généralement beaucoup aux enfants.
  • J’ai également acheter un cahier d’exercice “Je comprends tout” de chez Nathan. Je l’ai mis dans la bibliothèque de Keyo. Je ne pense jamais le forcer à faire un exercice s’il n’en a pas envie mais je lui ai expliqué à quoi ça servait et je le laisse à sa portée. Il l’ouvrira peut-être un jour, tout seul, comme il l’a déjà fait avec des cahiers niveau CP que m’a donné mon père qui est professeur des écoles.
  • J’avais également imprimé une vieille méthode de lecture “Mico, le petit ours” qui se trouve aussi dans sa bibliothèque.
  • Avoir un cahier de mathématiques et d’écritures. De la même manière que pour le point précédent, je ne le forcerai pas à faire des exercices. Par contre, si cela répond à une demande ou à un moment où je sens que ça pourrait l’intéresser, je ne m’empêcherai pas de lui proposer de remplir des tables d’addition ou de recopier des mots, voire des phrases. Par le jeu, il y a beaucoup d’idées qui me viennent.

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Lire, lire et encore lire pour apprendre à lire :
  • Au-delà des cahiers d’apprentissage de la lecture dans lequel je ne place pas beaucoup d’espoir (à tort peut-être), il me semble que le meilleur moyen de donner l’envie à un enfant de lire est de le faire grandir dans un environnement où la lecture occupe une place importante. Keyo est un enfant qui a beaucoup d’énergie mais il devient toujours très concentré et calme quand il feuillette seul un livre ou quand on lui lit une histoire. C’est signe, je pense, que ça lui fait du bien. De plus, j’aime lire, son père s’y remet aussi, il a un abonnement magazine, nous allons souvent à la bibliothèque et lisons beaucoup dans la journée et le soir. Lorsque je vais dans une librairie, je n’arrive pas à empêcher l’achat compulsif d’un beau livre, mais sinon j’achète d’occasion sur Internet ou chez Emmaüs. Pour Noël, nous pensons trouver justement chez Emmaüs un bon stocks de BD à lui offrir vu à quel point il aime ça.
  • Je fais également la lecture de romans ou de contes à haute voix, le plus souvent, au moment du coucher, dans une ambiance propice au calme et à l’écoute. J’ai beaucoup de souvenirs agréables de ces moments lorsque j’étais enfant quand, bien allongée dans mon lit, mon père nous lisait “L’armoire magique” ou nous inventait des histoires. Par ailleurs, j’ai approfondi cette volonté par la découverte de la pédagogie de Charlotte Mason et de ce qu’elle appelle les living books (livres vivant). Il s’agit de présenter à l’enfant des livres au vocabulaire riche, écrits par des auteurs passionnés par leur sujet, inspirant l’enfant, l’invitant à l’imaginaire ou à explorer toutes sortes de thèmes : géographie, histoire ou encore sciences. L’histoire est vivante et elle s’oppose ainsi complètement aux manuels scolaires, factuels et désengagés. Charlotte Mason préconise plusieurs heures de lecture par jour, je ne sais pas si l’on y arrivera mais je me fixe au moins un livre par mois. Cette année, j’ai choisi des livres qui invitent principalement au voyage : Croc-Blanc de Jack London, Le cavalier de Bagdad d’Odile Weulersse, Kim de Rudyard Kipling ou encore A la dérive sur le Mississipi d’Aaron Chester. Ce sera l’occasion de mettre en place un principe qui plaisait beaucoup à Mason, celle d’apprendre la géographie en dessinant des cartes à partir des lectures vivantes. Je pense donc revenir sur le sujet dans un autre article et me tenir à un billet mensuel sur notre livre du mois.
  • A cette lecture de living books, s’ajoute un moment de narration où l’enfant prend le temps de résumer le récit. Charlotte considère que l’exercice convient aux enfants à partir de 6 ans. Toutefois, Keyo se sent déjà à l’aise. Parfois, je m’interromps à la fin d’un paragraphe pour m’assurer qu’il comprend bien le déroulé de l’histoire. Nous reprenons également ensemble le résumé du chapitre précédent mais je ne le mets jamais face à un échec, s’il ne comprend pas, je résume pour lui. L’objectif est de passer un moment détendu ensemble hein ^^
  • Il y a également d’autres moyens qui peuvent aider à l’apprentissage de la lecture et de l’écrit (ça servira de transition vers la partie suivante) comme Les Alphas ou encore une simple machine à écrire que j’avais trouvé chez Emmaüs pour quasi rien, et que Keyo adore.

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Susciter l’envie et le besoin d’écrire :
  • Je dois dire que c’est le point qui me stresse le plus tant Keyo ne semble pas s’y intéresser et tant les attentes de l’école sont importantes sur le sujet. Comment donner envie à l’enfant d’écrire ? Tout comme la lecture, je crois que cela doit venir d’un besoin. Keyo a déjà appris à écrire les lettres majuscules en moyenne section. Il écrit son prénom, le prénom de ses copains, le prénom de sa sœur, nos prénoms, papa, maman… Donc oui il écrit mais en majuscule. Or l’école tient aux lettres cursives… Un peu complexe cette histoire, je n’ai pas encore de solutions toutes faites. J’ai déjà tenté de lui proposer les lettres rugueuses et le plateau de sable mais il n’a pas accroché jusqu’à maintenant. On réessaiera dans l’année.
  • Je pense d’abord valoriser l’écrit au quotidien. Écrire des lettres à nos amis et à notre entourage ou encore participer aux listes de course. Il est vrai qu’avec l’ordinateur et les téléphones portables, l’écrit tend à disparaître. J’ai toujours un petit calepin avec moi et sur l’ordinateur je le laisse faire ses recherches, et l’aide simplement en lui écrivant les mots en majuscule qu’il doit recopier dans la barre de recherche ou en lui dictant.
  • Ensuite, il y a deux supports préconisés par Charlotte Mason que je souhaite mettre en place dans l’année qui pourrait aussi lui permettre de lui donner envie d’écrire :
    • Le grand livre des siècles : je trouve le principe vraiment génial. Sur internet, il y a plusieurs modèles pour vous donner une idée. J’ai choisi un petit classeur dans lequel j’ai placé une double page par siècle en allongeant la durée des périodes pour les pages concernant la préhistoire. L’objectif est que l’enfant se l’approprie et y inscrive les personnes qu’il aime, qu’il a découvert à travers un film, un livre, une exposition. Chaque livre des siècles est différent et je crois que je vais m’en faire un pour moi tiens ^^
    • Le journal de la nature : le but de ce cahier est d’éveiller l’enfant à la beauté de la nature et d’y consigner toutes ses remarques aussi simples soit-elles sur ce sujet.
  • Tenir un journal personnel. Keyo avait déjà créé Le journalosaure et je me suis dit que ça pourrait peut-être lui plaire de développer le format et qu’on fasse un journal ensemble. A voir si on arrive à tenir une fréquence de parution mais construire des rubriques, prendre des photos et écrire sur un sujet, … pourrait être un chouette projet !
  • Je pense également écrire nos brèves narrations dans un cahier. Lorsqu’il saura écrire, il pourra s’en occuper.

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Manipuler, expérimenter, créer :
  • Faire des expériences scientifiques. On trouve plein d’idées sur internet ou dans certains livres. J’ai bien aimé le livre de Florian Briant “Électrocuter un cornichon et autres expériences galvanisantes”. Il y aussi les émissions que j’aime beaucoup : “On n’est pas que des cobayes” et “C’est pas sorcier”.
  • Laisser l’enfant cuisiner s’il le demande. Keyo est très en demande de pouvoir faire à manger. Jusqu’il y a peu, j’étais un peu trop derrière lui à faire attention qu’il n’en mette pas partout. Dorénavant, je reste en appui s’il me demande de l’aide et j’aimerais même me forcer à sortir de la cuisine pour le laisser faire ses expériences personnelles comme j’ai pu le faire, petite. J’ai eu ma période pâte à crêpe…
  • Encourager les travaux manuels, l’autonomie dans la création : bricolage, poterie, couture, tricot… J’aime tellement voir Keyo se fabriquer des choses. C’est fou cette capacité à la débrouillardise et à l’imagination !
  • Je souhaite également encourager un peu plus les travaux artistiques libres et avec modèles : le dessin, la peinture, la sculpture… le travail avec différents outils : craie, plume, fusain, calame, pastels…
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Sortir, vivre, rencontrer, s’interroger, s’ouvrir au monde :
  • Jouer quotidiennement plusieurs heures par jour est un besoin primordial pour tous les enfants. C’est en jouant qu’ils sont le plus heureux et qu’ils font le plus de découvertes en laissant cours à leur imagination et à leur curiosité naturelle. Être libre d’être soi-même permet à chacun de se construire et prendre confiance en soi, en les autres et en la vie.
  • Vivre dehors renforce ce sentiment de liberté. Plusieurs heures à l’extérieur chaque jour permet de nous sentir vivant et en forme, peu importe le temps qu’il fait. C’est un point primordial de cette année : m’équiper en vélo et apprendre à Keyo à rouler en ville pour qu’on puisse être assez libre de nos mouvements sans dépendre de la voiture que nous partageons avec mon mari, ni du bus qui ne passe pas très souvent. Je vis dans un environnement exceptionnel, entre la plage et les montagnes, près du Var et et de ses affluents, plein de musées existent autour de nous, des petits villages animés… C’est une véritable chance dont je compte bien faire profiter les enfants !
  • Nous aimerions organiser des petites escapades dans la nature et apprendre à y vivre. Le camping me paraît être la solution idéale !
  • De l’importance d’avoir des copains, d’être entourés, accueillir des amis chez nous et partager des moments avec les autres. Je crois en l’idée que nous ne devons pas être seul à élever nos enfants, qu’ils ont besoin d’autres adultes référents et de grandir avec des enfants d’âges différents. Nous venons encore une fois de déménager, c’est donc assez dur de devoir reconstruire un réseau de relations sociales à chaque fois, d’où l’importance de créer un lien fort et vrai avec peu de personnes, plutôt qu’un lien superficiel avec plein de gens. Pour cela il y a plusieurs lieux où il est possible de rencontrer des familles : le parc, en participant à la vie associative du quartier, en adhérant à une AMAP, par le groupe IEF des Alpes Maritimes, … et puis au fur et à mesure des activités, des rencontres dans notre quartier, nous finirons par nous sentir bien entourés 🙂
  • Dans le même esprit, il me semble aussi important de varier les rencontres qui permettent de découvrir et explorer des métiers, des passions ou des talents (menuisier, pêcheur, peintre, céramiste…).
  • Je suis également sensible aux grands récits Montessori que je compte bien réaliser en partie cette année. Keyo me pose déjà beaucoup de questions sur l’univers, la naissance des hommes, l’apparition des dinosaures, … Lorsque j’avais lu “Éduquer le potentiel humain” de Maria Montessori, j’avais adoré sa manière d’aborder et de présenter l’évolution de notre histoire en suscitant à la fois une plus grande curiosité sur soi et sur le monde qui nous entoure : Qui suis-je ? D’où je viens ? Quel est mon rôle dans l’univers ? Je prépare depuis quelques semaines ces récits et je reviendrai bientôt sur le blog pour en dire plus.

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Et les mathématiques dans tout ça ?
  • C’est vraiment le point sur lequel je ne me fait pas de soucis car Keyo aime beaucoup compter. Il aime additionner et il apprend seul la multiplication. Il a très envie de gagner des sous, alors il m’a demandé s’il pouvait faire des gâteaux pour les vendre. J’ai trouvé que c’était une très bonne idée pour se faire de l’argent de poche tout en apprenant à additionner et soustraire !
  • Mais globalement, je trouve que les notions de base des mathématiques “la sensation mathématiques”, comme dirait bien André Stern, s’explorent et se pratiquent facilement dans la vie de tous les jours en faisant la cuisine ou en allant au marché et chez le boulanger, en laissant à disposition une calculatrice (les enfants adorent les vieilles machines qui font du bruit et on en trouve des pas chères chez Emmaüs – pour ne pas changer ^^), en jouant aux legos, en bricolant,…

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Je crois que j’ai balayé un peu toutes mes solutions pour cette année . Il me restait encore la question de la routine d’instruction : faut-il organiser un moment dans la journée pour travailler ? J’ai été très hésitante sur la question puis j’ai découvert, grâce à Nadège, le principe du “buffet” de Charlotte Mason qui consiste à mettre sur la table plusieurs objets de curiosité pour l’enfant et lui proposer de choisir de travailler sur ce qui lui donne envie. Je trouve que c’est un bon compromis entre le formel et l’informel, et nous verrons bien si ça l’inspire !

Si vous voulez en savoir plus sur la pédagogie de Charlotte Mason, je vous encourage à lire cet article vraiment complet du blog de Nadège : http://fileuse-ames.com/2016/08/15/832/

Et moi, je vous dis à bientôt !

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